Le 21 juin 1943, Jean Moulin est arrêté par la Gestapo, torturé, brutalisé, mais en résistant, homme de courage, il perdit la vie, sans jamais un seul de ses secrets, pour l’intérêt de tous.
Jean Moulin, pour tous, ce nom est à jamais lié à la résistance françaises qui combattit l’occupant nazi, durant la seconde guerre mondiale.
Ce personnage de notre Histoire fut le fédérateur de la Résistance Française, Homme au service de l’Etat, faisant passer l’intérêt de la France, avant sa propre vie.
Voici un portrait de Jean Moulin, alias « Max », et moins connu « Romanin ».
Le général de Gaulle disait de lui : « Max, pur et bon compagnon de ceux qui n'avaient foi qu'en la France a su mourir héroïquement pour elle. Le rôle capital qu'il a joué dans notre combat […] à propos des évènements qui l'amenèrent dès 1940 à dire NON à l'ennemi. La force de caractère, la clairvoyance et l'énergie qu'il montra en cette occasion ne se démentirent jamais. Que son nom demeure vivant comme son œuvre demeure vivante! »
Jean Moulin, Fonctionnaire de l’Etat
Au retour de la Grande Guerre, Jean Moulin fut d'abord secrétaire général de Préfecture à Montpellier, avant d'être nommé, en 1925, le plus jeune sous-préfet de France, à Albertville en Savoie.
Il fut successivement sous-préfet de Châteaulin (1930-1933), de Thonon (1933) puis secrétaire général de la Somme (1934-1936).
Jean Moulin a également appartenu à plusieurs cabinets ministériels et notamment celui de Pierre Cot, Ministre de l'Air dans le gouvernement du Front populaire d'où il s'engagea dans l'aide clandestine à l'Espagne républicaine.
Jean Moulin fut nommé préfet en mars 1937, et fut affecté à la Préfecture de l'Aveyron à Rodez en 1938 puis à Chartres l'année suivante.
Jean Moulin, premiers pas dans la Résistance
Le premier acte de résistance de Jean Moulin remonte au 17 juin 1940, date à laquelle il refuse de signer sous la menace un document émanant des autorités allemandes, le sommant, en sa qualité de préfet de la Ville de Chartres, de faire endosser aux troupes sénégalaises de l'armée française la responsabilité de crimes perpétrés sur des civils. Maltraité et enfermé parce qu'il refuse de signer, il se tranche la gorge.
Soigné in extremis par les Allemands, il reste à son poste avant d'être, comme préfet de gauche. Révoqué par Vichy en novembre, il gagne la Zone Sud, où il entreprend de dresser un état des lieux des effectifs et des moyens dont dispose la Résistance. Fort de ses observations, il s'envole pour Londres en septembre 1941 pour se mettre au service du général de Gaulle.
Rapidement convaincu de l'intelligence et des capacités de son interlocuteur, le chef des Français libres renvoie Moulin en métropole avec pour mission de rallier et d'unir les mouvements de résistance. Il doit également créer une Armée secrète en séparant le militaire du politique.
Dans ses Mémoires, le général décrit par ses lignes Jean Moulin : « Cet homme, jeune encore, mais dont la carrière avait déjà formé l'expérience, était pétri de la même pâte que les meilleurs de mes compagnons. Rempli jusqu'aux bords de l'âme de la passion de la France, convaincu que le « gaullisme » devait être, non seulement l'instrument du combat, mais encore le moteur de toute une rénovation, pénétré du sentiment que l'État s'incorporait à la France Libre, il aspirait aux grandes entreprises. Mais aussi, plein de jugement, voyant choses et gens comme ils étaient, c'est à pas comptés qu'il marcherait sur une route, minée par les pièges de l'adversaire et encombrée des obstacles élevés par les amis. »
Jean Moulin, unificateur de la Résistance
Jean Moulin est l’incarnation de l’unification de la Résistance, il mettra en place successivement le Comité de coordination, en novembre 1942, puis en janvier 1943, il met en place le Comité directeur des Mouvements Unis de la Résistance, plus connu sous l’acronyme MUR. Fort de ces expériences, Jean Moulin réussit, par la rencontre des divers responsables des mouvements de résistance, à neutraliser les rivalités politiques et personnelles, à coordonner leur action, et asseoir la légitimité du général de Gaulle lors de sa première réunion, le 27 mai à Paris, comme seul chef politique de la France résistante et seul représentant de la France Libre. Cette réunion a aussi pour finalité, l’émergence du Conseil national de Résistance.
Jean moulin, lui même explique comment il fut complexe « d’organiser la lutte contre les Allemands, leurs alliés et leurs complices, par tous les moyens et particulièrement, les crimes à la main, et contre toutes les dictatures et notamment, celle de Vichy, quel que soit le visage dont elle se pare. […] Ce n’est pas sans difficultés que je suis parvenu à constituer et à réunir le C.N.R. »
En ce jour du 21 juin 1943, l’ensemble des responsables de la Résistance se réunissent dans la maison du docteur Dugoujon à Caluire, dans la banlieue de Lyon, dans le but d'organiser rapidement la relève à la tête de l'Armée secrète qui vient d'être décapitée suite à l'arrestation à Paris du général Delestraint.
Alors là reste le doute, trahison ou fuite d’informations ? la finalité reste la même la police de sécurité allemande (SIPO-SD) débarque et tous sont arrêtés et emmenés à la prison du Fort Montluc. Klaus Barbie surnommé « le boucher de Lyon »,qui identifie Jean Moulin, va transféré Jean Moulin qui ne dit rien, avenue Foch à Paris puis dans une villa de Neuilly, où la Gestapo avait coutume « d'interroger » des personnalités importantes.
Jean Moulin sera torturé, mais ne donnera jamais ses compagnons. C'est vraisemblablement pour tenter de le soigner et de le conserver comme otage qu'il est transféré en Allemagne. C'est dans le train, alors qu'il n'a déjà plus figure humaine, qu'il meurt le 8 juillet 1943 en gare de Metz, dans le train Paris-Berlin.
Le Général Charles de Gaulle rend un hommage vibrant à son lieutenant de l’ombre : « Homme de foi et de calcul, ne doutant de rien et se défiant de tout, apôtre en même temps que ministre, Moulin devait, en dix-huit mois, accomplir une tâche capitale. La Résistance dans la métropole, où ne se dessinait encore qu'une unité symbolique, il allait l'amener à l'unité pratique. Ensuite, trahi, fait prisonnier, affreusement torturé par un ennemi sans honneur, Jean Moulin mourait pour la France, comme tant de bons soldats qui, sous le soleil et dans l'ombre, sacrifièrent un long soir vide pour ‘‘remplir leur matin’’. »
De sa vie, on a fait une légende, le héros français, mais comme tous il avait un côté caché, l’artiste. Selon la légende, Jean Moulin aurait dessiné la caricature de son bourreau, Klaus Barbie plutôt que de livrer les noms de ses compagnons de la résistance.
Si Jean Moulin n’avait pas été une grande figure historique, il serait sans doute un artiste reconnu... C'est depuis sa plus tendre enfance que Jean Moulin crayonne. Il signe même dès 1922 tous ses dessins du pseudonyme « Romanin », petit clin d'œil au Château de Romanin à Saint-Andriol dans les Bouches-du-Rhône où il passait enfant ses vacances. Dès 1922 il expose à Chambéry au Salon de la Société Savoisienne des Beaux Arts, des pastels (un picador), des aquarelles et des dessins. Dans les années 1930 il publie des dessins humoristiques dans Le Rire. Ces peintures et de nombreux dessins ont fait l’objet d’une donation de sa sœur Laure au Musée des Beaux-Arts de Béziers
Jean Moulin, hommage de la nation ...
Le 19 décembre 1964, dans le vent glacial qui balaye la place du Panthéon, le ministre de la Culture André Malraux rend un hommage historique à l'une des grandes figures de la Résistance française... Jean Moulin au Panthéon pour inaugurer le transfert des cendres du préfet et résistant lors de la Seconde Guerre mondiale :
« ... Comme Leclerc entra aux Invalides, avec son cortège d'exaltation dans le soleil d'Afrique, entre ici, Jean Moulin, avec ton terrible cortège. Avec ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi — et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé. Avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses. Avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle — nos frères dans l'ordre de la Nuit… »
Article publié sur le Média Networkvisio.com le 25/06/2013.