Comme chaque année, autour du 27 janvier, un hommage a été rendu à la mémoire de François VERDIER, un nom connu de la grande majorité des Toulousains… Forain, un surnom de l’ombre devenu impossible à dissocier de Verdier. À l'endroit même où ce Grand résistant le 27 janvier 1944, a été lâchement assassiné par la Gestapo, sur le bord d'une route de la forêt de Bouconne, les personnalités civiles et militaires, membres d'associations, citoyens, professeurs et collégiens se sont rassemblés pour commémorer cette tragique disparition.
reportage réalisé en février 2015, Forêt de Bouconne (31)
Cérémonie du 1er Février 2015...
Un devoir de mémoire renforcé par la présence des élèves du Collège de Léguevin qui porte le nom du héros de la Résistance toulousaine. Ces élèves ont rendu hommage à tous ceux et celles qui sont tombés sous les balles et coups des terroristes d'hier et aujourd'hui, avec un spectacle vocal et dansant, reprenant la célèbre chanson de Jean-Jacques Goldman « Si j'étais né en 17 à Leidenstadt », avant de citer Aragon avec son magnifique poème qui rendait hommage à l'origine à un autre résistant toulousain Gabriel Péri, avant qu'ils n'entament l'hymne à la Joie de Ludwig van Beethoven.
Alain Verdier, petit-fils du résistant et Président de l'association du mémorial Forain François Verdier, rend hommage à son grand-père humblement, mais en rappelant le danger de l'extrémisme et du fascisme : « Le fanatisme est une constance de l'histoire des hommes, de l'Inquisition au terrorisme d'aujourd'hui » ; propos qui sont réaffirmé par Alain Mila, professeur d'Histoire : « Le danger du fascisme quel que soit le visage qu'il revêt est toujours présent et c'est avec une très grande inquiétude que nous assistons soixante-dix ans plus tard à la banalisation de la haine et à la mise à mal de nos valeurs républicaines. À quoi sert, chaque année depuis 1945, cette commémoration ? Et bien, elle sert à honorer l'action et la mémoire de François Verdier, et ce, faisant à lui donner du sens, à donner du sens à son engagement, à son patriotisme. Car être patriote, c'est aimer la France sans avoir besoin d'ignorer les autres. C'est faire vivre la République et ses valeurs de liberté, d'égalité, de solidarité, de fraternité et de laïcité ».
Portrait de François VERDIER, dit Forain...
François VERDIER, figure emblématique de la Résistance, le « Jean Moulin du Sud-Ouest », a su unir toutes les forces de la Résistance dans la région toulousaine. En juin 1943, Forain est choisi par le Général de Gaulle pour devenir le chef des Mouvements Unis de la Résistance en Midi-Pyrénées (appelée alors R4).
En décembre 1943, c'est durant l'opération de Minuit, qu'a lieu l'arrestation du Chef de la Résistance ; enfermé à la prison Saint-Michel pendant un mois et demi, il est interrogé avec acharnement, torturé par des officiers nazis déterminés, parce qu'ils savent qui est entre leurs mains.
Mais Forain ne parle pas, il ne délivre aucun de ses secrets à la Gestapo, endure toutes les tortures et les pires sévices (des témoins l'ont aperçu durant ses transferts entre la prison St Michel et le siège de la police allemande dans un état physique épouvantable). Il ne cède à aucune pression, même face aux menaces exercées sur sa famille (sa femme a été arrêtée et déportée) pour préserver l'organisation de la Résistance qu'il a patiemment et minutieusement mise en place.
Face à l'absence de révélations, à l'inefficacité des interrogatoires, et malgré son statut de chef de la résistance régionale avéré, la Gestapo ne l'envoie pas en Allemagne, ni même à Paris, mais le conduit discrètement en forêt de Bouconne le 27 janvier 1944. Le long d'un chemin isolé, ses bourreaux l'exécutent d'une balle dans l'abdomen. Peut-être pour effacer toutes traces de leur barbarie ou au contraire pour accentuer le degré d'horreur, les deux policiers de la Gestapo font exploser la tête du chef de la Résistance avec une grenade.
Le corps de François Verdier fut immédiatement retrouvé par un garde forestier qui avait entendu les détonations. Le corps de Verdier fut rapidement identifié grâce à son nom écrit à l'intérieur de son pantalon et à une lettre qui se trouvait dans sa poche. À l'endroit même où il a été sauvagement assassiné par la Gestapo, en plein cœur de la forêt de Bouconne, personnalités civiles et militaires, membres d'associations, citoyens, professeurs et collégiens étaient mobilisés avec le même devoir de mémoire.