Entre janvier et août 1968, le nouveau président tente de réformer le pays en instaurant le socialisme à visage humain, tel est le maître-mot des réformes que les forces libérales veulent apporter à la Tchécoslovaquie. Les troupes du pacte de Varsovie mettent fin à la démocratisation qui aura duré seulement huit mois.
Après la mort de Staline, une période de dégel atténue la répression imposée par l'État dans les pays communistes, s’achève en Tchécoslovaquie à la fin des années 50. En effet, le régime d'Antonin Novotnya a maintenu l'orientation orthodoxe tout en continuant de pratiquer une politique de justification stalinienne.
Et c’est ainsi que les erreurs de planification et le renforcement de la centralisation du pouvoir - en réduisant par exemple les compétences des organes publics slovaques - augmentent le mécontentement de la population.
Des manifestations d'étudiants et des attaques de la part des écrivains contre le Parti communiste en automne 1967 offrent à la direction de ce dernier l'occasion d'un débat interne. Alexandre Dubček prend la tête des réformateurs et s’impose comme chef du parti lors des élections du 5 janvier 1968.
Une volonté de fin de l’ère stalinienne, mais pas du communisme...
Le nouveau président de la République socialiste tchécoslovaque prend ses distances avec Moscou et installe une autre vision du communisme, avec des réformes : la suppression de la censure, la liberté d’information, de réunion et de presse, l'autorisation des partis politiques, la libération des prisonniers politiques, la libre circulation hors des frontières ainsi que l'organisation d'élections démocratiques.
Pour la première fois, on désigne les membres du comité central par bulletins secrets et on remplace les hommes politiques de l'ère stalinienne ; de plus, une loi de juin 1968 réhabilite les victimes des procès politiques.
Ainsi, par l’émergence de cette nouvelle politique ouverte, on met fondamentalement en question le régime communiste dans sa version ancienne, des structures fédérales doivent être mises en place et les fonctions du parti séparées de celles de l'État. La restructuration économique selon les plans d'Ota Sik promet davantage d’autonomie pour les entreprises par l'instauration de pratiques empruntées à l'économie de marché.
Cette nouvelle idée du socialisme à visage humain n'est pas du goût de Léonid Brejnev, le secrétaire général du Parti communiste de l'Union soviétique.
L’URSS pour la fin du Printemps de Prague...
Dès l‘annonce des réformes, les membres du pacte de Varsovie conjurent la Tchécoslovaquie de les arrêter. L'URSS redoute un éclatement de sa sphère d'influence, la RDA et la Pologne mettent en garde contre une contagion du mouvement dans leurs pays respectifs. Les assurances données par les forces réformatrices de vouloir rester tant dans l'alliance militaire de I'Est que dans le Conseil d'assistance économique mutuelle ou COMECON ne dissipant pas l'inquiétude du bloc communiste.
Face à cet engouement démocratique, le bloc soviétique va s'organiser pour mettre un terme au Printemps de Prague. La cause officielle qui déclenche l'intervention des États du pacte de Varsovie est la publication du Manifeste des 2000 mots dans lequel 70 savants, artistes et sportifs critiquent l’incompétence et la corruption de l’ancien Système et appellent à des manifestations. Des milliers de personnes apposent leur signature apportant ainsi un soutien massif à la poursuite des réformes. Le pouvoir soviétique considère ce fait comme la preuve que le Parti communiste local a perdu le contrôle du pouvoir.
L’ingérence pour la fin de la dissidence...
L’URSS met au point la doctrine Brejnev qui prône une souveraineté limitée des États satellites de l'Union soviétique en ce que le caractère conforme au communisme de leur politique est apprécié à l'échelon supra-national de tous les États socialistes, de fait par l'URSS. Dans la nuit du 21 août 1968, les chars du pacte de Varsovie entrent à Prague malgré une résistance acharnée de la population. Les armées du Pacte de Varsovie, composé de l'URSS, de la Pologne, de la Bulgarie, de la Hongrie et de la RDA.
L'URSS impose aux Réformateurs, convoqués à Moscou, un compromis : le gouvernement doit revenir sur les réformes, réintroduire la censure et tolérer la présence des troupes soviétiques. C'est en respectant cet objectif qu’il peut rester en fonction. Mais, au début de 1969, les purges ont lieu : Gustav Husak, un fidèle de Moscou, reçoit la charge de diriger le parti et l’État ; les réformateurs sont exclus du parti.
Après le Printemps de Prague, en 1969, trois hommes s'immolent par le feu en Tchécoslovaquie pour protester contre la fin de la liberté d'expression, dont Jan Palach, se fait brûler vif à Prague, le 16 janvier 1969.
En mars, puis en août, un an après l'invasion, des manifestations ont lieu pour dénoncer le revirement de leur pays.
Le printemps de Prague a permis de dévoiler au grand jour et au monde entier la réalité de la politique autoritarisme du bloc soviétique et impliqua la naissance de nombreux groupes d'opposants, mais la conséquence directe et la plus historique du printemps de Prague eut lieu vingt ans plus tard avec le début de la chute du mur de Berlin dans la nuit du 9 au 10 novembre 1989.