En Grande-Bretagne, Winston Churchill prend la tête du gouvernement en mai 1940, pour assumer le désastre militaire que d'autres ont provoqué. Toutefois, c’est en homme d’action qu'il accepte cette charge décidant que, malgré toutes les évidences, rien n'est encore perdu. Les guerres éclairs victorieuses du IIIème Reich en Europe font craindre à la Grande-Bretagne un débarquement allemand sur leur île.
Nommé pour vaincre ou périr...
Lorsque, le 10 mai 1940, Churchill est convoqué à Buckingham Palace pour prendre en charge les affaires du gouvernement, il suscite de nombreuses réserves de la part de la maison royale.
En outre, beaucoup de membres de son propre parti, les conservateurs se méfient de lui. Tout ce qu'il peut promettre à la nation se résume en ces mots : « je n'ai rien d'autre à offrir que du sang, de la peine, des larmes et de la sueur ».
Sa nomination en tant que Premier ministre apparaît comme un acte de la dernière chance, conséquence de la défaite humiliante que la Grande-Bretagne vient d'essuyer en Norvége.
Quelques jours auparavant, à la Chambre des communes, Leo Amery, un conservateur apostrophe le premier ministre Arthur Neville Chamberlain, partisan d'une politique d'apaisement vis-à-vis du IIIème Reich, avec les paroles d’OIiver Cromwell : « Avec tout ce que vous avez fait, il y a trop longtemps que vous êtes ici. Je vous le demande : démissionnez et épargnez-nous davantage votre présence ! Au nom Dieu, allez-vous en ! »
« Nous avons devant nous de nombreux et longs mois de combats et de souffrances. »
Halifax pour la négociation, Churchill pour la résistance...
Marqué par les accords de Munich 1938 qui ont conduit à la dislocation de la Tchécoslovaquie, Arthur Neville Chamberlain doit effectivement quitter le pouvoir. Mais qui peut lui succéder ?
Deux candidats sont en lice : le ministre de la Marine Winston Churchill et le ministre des Affaires étrangères, Edward Frederick Lindley Wood Halifax qui réunit la plupart des suffrages dont ceux du roi George VI, mais il est, lui aussi partisan de la négociation avec l’Allemagne.
Dans un sondage, en mars 1940, les britanniques optent à 25% pour Churchill en cas de changement de premier ministre, tout change avec le revers de Norvège. C’est dans ces conditions que le roi George VI appelle Churchill comme chef du gouvernement, un homme politique connu pour ses campagnes infatigables en faveur de l’armement britannique contre l'Allemagne hitlérienne. Lors de la déclaration de la guerre, Neville Chamberlain lui a déjà offert le poste de ministre de la Marine, fonction qu'il avait déjà exercée de 1911 à 1915. L'armée accueille la nouvelle avec enthousiasme.
« Aussi sûrement que demain le soleil se lèvera, nous vaincrons ! »
Churchill, Chef de guerre pour sauver le monde libre...
Comme Premier ministre à la tête d‘un « gouvernement national » comprenant à ce titre des membres du parti travailliste, il se heurte à des événements dramatiques : l'offensive allemande à l'Ouest, qui se solde par l'invasion de la Hollande et de la Belgique, l'évacuation des troupes britanniques de Dunkerque le 4 juin et l'armistice entre la France et l'Allemagne le 22juin. Chacun pense alors que le prochain objectif de la Wehrmacht est de débarquer en Angleterre, et Churchill déclare : « Nous résisterons jusqu'au bout ! » C'est cet esprit qui anime la Grande-Bretagne en cet été 40, lorsque la Royal Air Force repousse victorieusement la Luftwaffe, exploit salue par le Premier ministre en ces termes : « Jamais encore dans l’histoire autant de gens ont dû leur liberté à si peu d'entre eux. »
Malgré les revers subis par les troupes britanniques en Méditerranée et en Extrême-Orient, sa détermination sert d’exemple à ceux qui se battent alors contre le nazisme. Et c’est ainsi qu‘avant la fin de l’année, il peut proclamer : « Aussi sûrement que demain le soleil se lèvera, nous vaincrons ! »
Pour Harry Hopkins, le représentant du président Roosevelt à Londres, Churchill « est à lui seul le gouvernement, dans tous les sens du terme. Il dirige toute la stratégie, parfois jusqu’au détail ; le monde du travail lui fait confiance ; l’armée, la marine, l’aviation sont unanimes derrière lui. Le monde politique et le gratin paraissent l’aimer. Je ne saurais trop souligner que c’est ici la seule et unique personne avec laquelle vous devez être désormais en pleine et entière communion. »
Pour aller plus loin :
Les heures sombres, un film réalisé 2018 par 1er réalisateur Joe Wright avec Gary Oldman, Kristin Scott Thomas, Ben Mendelsohn.