Le 6 juin 1944, le débarquement en Normandie, Jour J, met en œuvre environ 6000 navires transportant des soldats américains, britanniques, français et canadiens pour les amener en France. Le débarquement est appuyé par l'engagement de quelque 14 000 bombardiers. Les jours qui suivent, les troupes installent leurs têtes de ponts sur la côte et pénètrent de façon irrésistible dans l’arrière-pays, la libération est en marche.
D Day ou vers la reconquête des alliés...
« Les sanglots longs des violons de l'Automne ... », le 6 juin 1944. Une armada de 6 000 navires transporte les unités alliées en direction de la France. L'opération Overlord a organise la plus grande invasion de I'Histoire de la guerre et ce débarquement est le prélude de la libération de l'Europe.
Les premières troupes, constituées par la 4' division d’infanterie américaine, débarquent à 6h31 du matin sur la plage nommée Utah Beach, au pied de la presqu'ile du Cotentin. Auparavant des troupes aéroportées se sont emparées de ponts et de carrefours de l'intérieur du pays. D'autres Américains débarquent, plus a l'est, sur la plage d'Omaha, les Britanniques et les Canadiens portent Ieur assaut sur le flanc ouest du dispositif, sur les plages de Sword, Gold et Juno.
La 1" division d’infanterie se trouve déjà en difficulté avant même d'avoir pu atteindre Ohama. Le fort vent du sud-ouest, qui a conduit Eisenhower à retarder l'Opération, fait couler dix navires de débarquement à 19 km de la côte.
Et lorsque les hommes parviennent sur la terre ferme, ils se trouvent sous le feu des troupes allemandes qui ont échappé aux bombardements précédant l’opération. Des milliers de soldats meurent sur la plage.
Sur les autres plages, la situation est moins dramatique et le débarquement des hommes et du matériel s'organise rapidement. À Utah, deux heures après le débarquement, Ia 4° division prend position dans l'arrière-pays et se dirige vers Sainte-Mère-Église pour rejoindre la 82e division aéroportée. Sur Gold, la 50° division du Northumberland se fraye un chemin entre les navires et les tanks détruits et gagne la route de Bayeux-Caen.
La situation est semblable à Juno où les Canadiens, retardés, arrivent à marée montante, et se heurtent aux mines et défenses anti-chars installées sur la plage.
Le soir, les soldats de la 2° division blindée ont consolidé leur tête de pont. À partir de Sword, la 3° division britannique et les commandos de la Marine anglaise accompagnés des brigades spéciales d‘intervention, et des commandos français Kieffer occupent un certains nombres de points stratégiques au nord de Caen.
La force allemande, entre stupeur et surprise...
« ... blessent mon coeur d'une langueur monotone. », la réaction allemande, mal coordonnée, se fait attendre. Chose incroyable, les troupes germaniques sont au courant du débarquement allié avant même que le premier avion ne décolle d'Angleterre. Mais grâce à d'habiles opérations d'intoxication pratiquées par les Alliés, Hitler est persuadé que le débarquement se fera dans le Pas-de-Calais. Car les alliés devront se heurter au Mur de l'Atlantique.
Lorsque le commandement apprend l’opération de Normandie, Berlin croit à une manœuvre de diversion et en outre, les chefs militaires ne se trouvent pas à leurs postes et les premiers combats sont engagés par les unités qui gardent les côtes. C’est seulement le 6 juin dans l’après-midi que l’unique division blindée allemande stationnée en Normandie passe à l’attaque contre les Britanniques. Les tanks se déploient autour de Caen, mais les Alliés sont déjà fortement installés sur le continent.
Cappa, les images du débarquement ... Image pour l’Histoire
Robert Capa est le seul reporter présent lors du débarquement sur Omaha Beach, au milieu d’une violence extrême. Envoyé sur Le front d’Afrique du Nord par le magazine Colliers, ce photographe américain d’origine hongroise couvre ensuite le débarquement de Sicile et le débarquement de Normandie avec publication dans le numéro de Life paru le 19 juin 1944. Des 119 photos qu’il a prises le jour J, avant de rembarquer avec Les blessés, seules 11, surnommées The Magnificent Eleven, seraient les seules à avoir survécu. La raison, la maladresse d’un laborantin survenue au moment du développement expliquerait pourquoi seule une petite partie des clichés subsiste.
Le photographe a accompagné la première vague avec la compagnie E du 116e régiment d'infanterie américaine. Destination : Easy Red, l'un des secteurs d'Omaha, plage surplombée par les blockhaus allemands.
Dans ses mémoires Slightly Out of Focus, (Juste un peu flou), Robert Capa décrira lui-même son engagement :
« Le correspondant de guerre a son sort – et sa vie – entre ses mains, il peut parier sur ce cheval-ci ou ce cheval-là, ou remettre sa mise dans sa poche à la dernière minute... Je suis un joueur. Je décidai de partir avec la compagnie E dans la première vague. [...] Le soleil, ignorant que ce jour serait différent de tous les autres, s'est levé à l'heure habituelle. [...] Ma belle France était repoussante et horrible. […] Les hommes de mon bateau pataugeaient dans l'eau jusqu'à la taille, leurs fusils prêts à tirer, les poteaux jaillissaient de la mer et la plage fumait en arrière-plan – tout cela était parfait pour la photographie. »
The Face in the Surf (le visage dans les vagues) est une de ces photos Histoire de Robert Capa, qui a trouvé refuge derrière l'un des pieux d'acier de la défense nazie.
Et de ce point de vue il photographie les combattants américains alourdis par leur équipement, qui tentent péniblement, parfois vainement, de maintenir la tête au-dessus de la surface de l'eau.
Le soldat de première classe Huston "Hu" Riley est l'un d'eux et témoignera quelques années plus tard de cet instant : « Deux gars m’ont aidé à sortir de l’eau, un sergent et un photographe avec un appareil autour du cou. Ce devait être Robert Capa. Il n’y en avait pas d’autre. Je me souviens très bien m’être dit: “mais que diable ce dingue de photographe fait ici. » (Huston Riley, via "Slate")
Le Débarquement de Normandie en chiffres...
Le Jour J représente une performance extraordinaire tant au point de vue du nombre d’hommes engagés- 185 000 - qu'en raison de la logistique mise en œuvre - 1 tonne de munitions, de vivres et de carburant par homme et par jour - sans compter les véhicules de toutes sortes. Il s’agit là d’une des opérations militaires les plus importantes et les plus risquées de la guerre.
Au soir du 6 juin, environ 156 000 hommes avaient pris pied sur le sol normand : 17 000 parachutés, 56 000 débarqués sur Utah Beach et Omaha Beach et 83 000 débarqués sur le secteur anglo-canadien. Sur les 34000 hommes débarqués le 6juin à Omaha Beach. 3 000 sont morts, blessés ou disparus au soir du jour J. Avec 8,8% de pertes, le débarquement d’Omaha est le plus meurtrier des cinq débarquements : il représente à lui seul un quart des pertes du jour J. Mais ce pourcentage reste inférieur aux 12,5 % prévus par le haut commandement pour cette première journée. Le génie paie un tribut particulièrement lourd : 40 % de ses effectifs sont décimés. Au total, ces 10 000 pertes enregistrées au soir du 6 chez les alliées et environ 3 500 soldats ont été tués.
Malgré les pertes, le débarquement de Normandie est globalement un succès, avec des chiffres au soir du 6 juin :
- 14 674 sorties aériennes côté alliés, et seulement 319 pour les allemands qui perdirent 127 appareils ce jour là
- 6 939 navires impliqués dans l'opération, dont 4 126 bâtiments de débarquement.
Vers la Libération de la France... le 6 juin, les français aussi sont sur les plages normandes avec les 177 hommes du commando Kieffer, débarquaient avec le reste de la 1ère brigade de commandos britannique de Lord Lovat sur Sword Beach. Le débarquement du Général de Gaulle intervient le 14 juin 1944 sur une plage du secteur Juno à Courseulles-sur-Mer, et c’est une étape décisive dans le rétablissement de l’autorité française et mettre sur pied le gouvernement provisoire de la République française, afin d’éviter que les Etats-Unis ne mettent sur place en France leur propre administration.
La route de la Libération de la France est en action, avec le 15 août, l’opération Dragon en Provence et la libération de Paris du 19 au 25 août 1944.De Gaulle fait également pression sur l’état-major allié pour que les hommes de la 2ème division blindée libèrent la capitale française : le 25 août 1944, le général Leclerc reçoit la reddition de Von Choltitz à Paris.