Maria Callas s’est éteint à l’âge de 53 ans le 16 septembre 1977 et ainsi, elle devient un véritable mythe pour les amoureux de la musique lyrique. « La Callas » a connu un destin entre une vie personnelle difficile et une carrière artistique exceptionnelle.
Elle a abordé un répertoire très vaste grâce à une voix au timbre et à l’étendue exceptionnels, mais aussi grâce à sa capacité époustouflante à intégrer de nouveaux rôles. Sa voix légendaire, ainsi que le personnage public qu’elle a construit au fil de ses meilleures années sur scène, font de Maria Callas l’une de plus grandes cantatrices du XXe siècle. La soprano a conquis les opéras du monde entier et toutes les difficultés de ses débuts sont oubliées.
Une enfance triste, l’essence d’un mythe...
Sophia Cecilia Anna Maria Kalogeropoulos, cette jeune femme grecque, née en 1923 à New York, depuis sa plus tendre enfance, souffre d'un complexe d‘infériorité, car de son enfance reste plusieurs traumatismes affectifs : une mère peu disposée à l’aimer et un père absent et volage, et ses parents lui préfèrent sa sœur aînée, Jackie. Maria a tout du vilain petit canard : la fillette est trop grosse, trop myope, et ses gros verres épais lui attirent les railleries de ses camarades qui la traitent de « gros serpent à lunettes ». La fillette fuit les enfants de son âge ; elle passe des heures du Piano et travaille sa voix.
En 1937, la mère et ses deux filles regagnent Athènes. Une nouvelle vie commence. En arrivant en Grèce, Maria retrouve ses origines et découvre ce qu’est vraiment le chant.
A 13 ans, elle entre au conservatoire d’Athènes et fait la rencontre de sa vie avec la soprano espagnole Elvlra de Hidalgo qui initie son élève à tous les secrets de la tradition du bel canto. La Callas maîtrise sans peine deux octaves et demie et chante à la Perfection le contre-ut. Elle débute en 1938, à quinze ans, dans le rôle de Santuzza dans Cavalleria rusticana de Pietro Mascagni
Une étoile de l’Opéra est née...
Lorsque Maria Callas, la « Diva assoluta » fait son entrée sur la scène internationale à Vérone le 2 août 1947. Le rideau tombe sur le dernier acte de « La Gioconda »de Ponchielli dirigée par le chef Tullio Serafin dans les arènes de Vérone. L'ovation qui s'élève salue la naissance d'une étoile. En 1948, elle interprète, sous la direction de Tullio Serafin, Turandor, Aida, La Force du destin et pour la première fois Norma, à Florence, rôle qui la rend célèbre.
Bien que de nombreuses chanteuses possèdent un plus beau timbre qu'elle, la Callas entame cependant une carrière mondiale. En 1949, elle chante Les Puritains de Bellini à Venise : c'est un triomphe. En 1950, elle débute à la Scala de Milan où elle remplace Renata Tebaldi dans le rôle de Aïda.
En quelques instants, Zeffirelli devient un ardent admirateur de Maria Callas, si la première impression du célèbre metteur en scène s‘était avérée, ne serait jamais devenue une star. Il se souvient de leur rencontre dans la maison du chef d'orchestre Tullio Serafin : « cette jeune fille gréco-américaine parle avec un méchant accent new-yorkais et a l'air horriblement guindé et sévère. » Cette manière de voir change lorsque le maître de maison joue quelques mesures de La Traviata de Verdi : « la jeune personne insignifiante se métamorphose en Violetta qu‘elle incarne avec bonheur. »
« Je peux dire que Maria est probablement le matériau le plus discipliné et le plus professionnel que j’aie jamais eu. »
La Divina, La Diva assoluta, une des journaux people...
La Callas est une Diva, dans tous les sens du terme, même le plus péjoratif. On ne compte plus ses caprices et scènes de colère relayées par les journalistes. Avec la presse, justement, Maria joue avec le feu. Elle n'hésite pas non plus à se confier, à partager des détails intimes de son enfance ou de ses amours : « Je ne suis pas une idole, je suis humaine. » ... « Depuis mon enfance, j’ai l’air très très costaud mais je ne le suis pas. » Luchino Visconti confiait : « Je peux dire que Maria est probablement le matériau le plus discipliné et le plus professionnel que j’aie jamais eu ». Ce qui est très loin du portrait fait par les journaux people, même si ces emportements : « C’est vrai, j’ai crié, j’ai hurlé souvent, et presque toujours pour obtenir plus de répétitions, pour essayer d’avoir la meilleure mise en scène (…) Je me suis battue pour la beauté du spectacle, pour essayer d’avoir la perfection ».
Au mois de janvier 1958, Maria Callas doit ouvrir la saison de l'Opéra de Rome avec Norma sous la présidence effective du Président de la République italienne. A la fin du premier acte de Norma, elle affirme avoir perdu sa voix et refuse de poursuivre. La direction dénonce un caprice de l'ombrageuse diva, alors que quelques sifflets avaient jailli du poulailler pendant un de ses airs. La représentation est annulée. L'accusant de faire un caprice devant le Président, la presse aggrave la polémique en écrivant sous le titre « La démission de Rome » : « Lorsqu'elle est en répétition, sa voix est parfaite… Si vous souhaitez entendre Callas, ne vous donnez pas la peine de vous habiller, allez à une répétition ; elle termine habituellement ces dernières. » Quelques instants plus tard, elle s'explique "avec volubilité" devant la Presse: « A la fin du premier acte, je suis devenue aphone. Comme vous pouvez le constater, je ne peux plus parler. »
Le 16 janvier à Paris, c'est une diva "épuisée et fourbue" qu'un journaliste de l'AFP interroge dans l'ambiance morose d'un salon particulier chez Maxim's: « J'ai beaucoup souffert le soir de Rome », lui confie-t-elle. Callas intente un procès à l'Opéra de Rome pour avoir refusé de prévoir une doublure, procès qu'elle gagnera 17 ans plus tard en 1975, sa carrière terminée.
La Callas quitte la scène...
Dès 1959 : la suite de la carrière de La Callas se ralentit, elle n’apparaît plus que dans quelques rares productions à Paris, Londres et New York. Callas renonce peu à peu à l’opéra : « Je n’ai plus envie de chanter, avoue-t-elle dans une interview. Je veux vivre, vivre, comme n’importe quelle femme ». Elle a 37 ans. En 1961, elle ne donne plus que cinq représentations, en 1962 deux, en 1963 aucune. Le 5 juillet 1965 le rideau tombe sur une ultime Tosca.
A 41 ans, Maria Callas vient de faire ses adieux à l’opéra.
En novembre 1965, elle remonte sur scène à Paris après quelque temps d'absence pour interpréter Norma : la représentation doit être interrompue. Maria Callas ayant un malaise. En 1971 et 1972, elle donne des cours à New York, et reprend une série de concerts à travers le monde. Ses possibilités vocales s'appauvrissent. Lors de la dernière représentation de Médée, Callas, vêtue d'une étole d'hermine qui descend jusqu'au sol et arborant la totalité des bijoux qu'elle possède, s'adresse au public : « Vous savez tous ce qui m'est arrivé. Cette soirée est, pour moi, une soirée pénible. J'aurai besoin du soutien de chacun d'entre vous. »
Une vie privée sombre et triste....
Pour comprendre La Callas, il faut connaitre ce qui se cache derrière le rideau, lorsque le public a disparu et que la lumière n’est plus là. Maria Callas a connu sur la plan personnel, une vie à la recherche constante de l’amour. Elle rencontre G. B. Meneghini en 1947, de 28 ans son aîné qui devient son impresario et l'épouse en 1949.
En 1957, la chanteuse fait la rencontre du sulfureux milliardaire grec Aristote Onassis. En juillet 1959, elle participe à une croisière à bord du luxueux yacht de l’armateur, le Christina. C’est le début d’une liaison aussi médiatisée que mouvementée qui conduira chacun des deux amants à divorcer.
Malgré une immense gloire, la carrière de la Callas ne dure que treize ans. Une bonne partie de son public ne la connaît que par ses disques. En 1953, elle enregistre Lucia di Lammermoor de Donizetti, Les Puritains de Bellini et Tosca de Puccini; ce sont d'énormes succès qui font connaître l'opéra à un public étendu. Maria Callas qui ne s’est jamais ménagée, s’épuise. Éprouve sa voix, son instrument sublime et si fragile dont les aigus tutoient le criard à la fin de sa vie. « Depuis que j’ai perdu ma voix, je veux mourir. Sans ma voix, qu’est-ce que je suis ? Rien », aurait-elle confié à sa sœur Jackie.
Maria Callas est seule avec ses fantômes et ses souvenirs, comme elle l’a dit dans une de ces dernières interviews : « Je ne suis pas une idole, je suis humaine. » Le 16 septembre 1977, Maria Callas décède à la suite d’un malaise cardiaque. Après une cérémonie funèbre a lieu à l'église grecque orthodoxe d'Agio Stephanos, le 20 septembre 1977. Maria Callas est incinérée au cimetière du Père-Lachaise. Quelques mois plus tard, les cendres de la plus grande chanteuse du XXème siècle seront dispersées au large de la mer Egée.
« Je ne suis pas une idole, je suis humaine. »
La cantatrice grecque Maria Callas reste un véritable mythe pour son public et continue d'émerveiller, de susciter fantasme et admiration. Son destin fait aussi rêver le cinéma et le théâtre, et chaque réédition de ses disques s'arrache ... Maria Callas par sa carrière d’artiste hors norme au point que sa voix a parfois été qualifiée de « voix du siècle » tourne finalement autour d'un répertoire assez restreint (le trio Violetta-Tosca-Norma) et l'occupa environ 200 soirées sur une totalité de 621 représentations, et que son apogée n'excéda pas quinze années. L'héritage est d'autant plus impressionnant qu'il n'a peut-être pas encore dit son dernier mot ...
Carlo Maria Giulini décrit ainsi la voix de Callas : « Sa voix est un instrument extrêmement spécial. Il arrive que la première fois où vous écoutez le son d'un instrument à cordes - violon, viole, violoncelle - votre première sensation soit quelque peu étrange. Au bout de quelques minutes, lorsque vous vous y êtes habitué, le son acquiert des qualités magiques. J'ai défini Callas. »