Le 11 novembre 1918, à 11h marque la fin d'une guerre, la Grande Guerre, la Der des Der, la Première Guerre mondiale ; mais aussi la fin d'une société, celle des Empires. Les adversaires sortent du conflit épuisés, les Empires sont démantelés, mais les populations de tous les pays belligérants célèbrent la fin du « long calvaire et l'approche d'une aube nouvelle ». La Grande Guerre, ouverte par le bombardement de Belgrade le 28 juillet 1914, un mois après l'attentat de Sarajévo, avec l’assassinat de l’archiduc d’Autriche François en 1914, s'achève en 1918 par la signature de plusieurs armistices dont celui de Villa Giusti avec l'Autriche-Hongrie, le 3 novembre et celui de Rethondes avec l'Allemagne, le 11 novembre.
Cette première guerre mondialisée a été l’affaire de tous, une guerre totale qui a transformé à jamais l’esprit même de la Guerre puisqu’au-delà des combats et des champs de bataille, les populations de l’arrière ont contribué elles aussi à l’effort de Guerre, dans les usines et les champs, les femmes ont remplacé les hommes. Les civils ont payé aussi un tribut à la guerre. Si la finalité de la Première Guerre mondiale sera réglée avec le Traité de Versailles, signé le 28 juin 1919 entre les Puissances alliées et associées et l'Allemagne, c’est le 8 novembre 1918 à 11h au son du clairon que la signature de l’Armistice annonce la fin des combats, mais pas encore de la Guerre.
Vers une fin de la Grande Guerre ...
Le processus qui a conduit à la signature de l'armistice le 11 novembre s'engage dès le 7 octobre 1918 avec Charles Ier, Empereur d'Autriche qui propose au Président américain Wilson de conclure avec les Alliés un armistice qui est signé le 3 novembre, la Villa Giusti, près de Padoue et marque la fin des hostilités entre l'Empire austro-hongrois et la Triple-Entente.
Pendant ce temps, en Allemagne, la population, lasse de la guerre, est de plus en plus à l'écoute de mouvements révolutionnaires et le 25 octobre, la révision constitutionnelle est votée en Allemagne et Ludendorff démissionne, entraînant l’abdication de Guillaume Il, le 9 novembre, ce qui conduit à l'avènement de la République allemande. Il appartiendra à une assemblée constituante réunie à Weimar trois mois plus tard d'en poser les fondations.
Le 7 novembre 1918, le haut commandement allemand demande au général Foch de recevoir une délégation. Foch accepte, mais refuse la suspension d'armes sollicitées. À 21 heures, le général von Winterfeldt est reçu par le capitaine Lhuillier et dans la nuit, la délégation est conduite à Rethondes.
Le Chemin de l’Armistice du 11 novembre…
« Demandez-vous l’armistice ? », tel furent les mots lancés par le général Foch, au représentant de l’Allemagne qui se présente à lui à Rethondes. Le 8 novembre, à 9 heures du matin, les parlementaires allemands pénètrent dans le wagon du général Foch en présence de l'amiral anglais sir Roselyn Wemys, le général Weygand ainsi qu'une délégation américaine. Et sur la réponse affirmative d'Erzberger et d'Oberndorff, le général Foch leur lit les conditions des Alliés, leur donne le texte et leur accorde ; 72 heures pour l'étudier et le signer.
L’Allemagne a quinze jours pour l’évacuer la France, la Belgique, le Luxembourg et I'AIsace-Lorraine, trente-et-un jours pour abandonner aux Alliés la rive gauche du Rhin, la tête de pont de Coblence, Cologne et Mayence. De plus, l’Allemagne se doit de déposer les armes et de doit livrer 5 000 canons, 25 000 mitrailleuses, 17 000 avions, à renoncer aux traités de Brest-Litovsk et de Bucarest. À 5 heures du matin, le 11 novembre, une discussion s’engage ; les Allemands signent la convention consacrant leur défaite.
Et dans l’après-midi, Georges Clemenceau monte à la tribune de la Chambre des députés et donne lecture des conditions de l'armistice : il rend hommage aux morts qui ont rendu la victoire possible. À la même heure. Lloyd George aux Communes à Londres informe le peuple britannique des mêmes conditions de l'armistice signé à Rethondes.
La Fin de La Der des Der …
La nouvelle s’est répandue en Europe : à Paris, à Londres, à Rome, à Bruxelles ; mais aussi aux États-Unis. Les foules se répandent dans les rues, les avenues, les places publiques ; les gens fraternisent, s‘embrassent, portent en triomphe les soldats. La Guerre est finie. Le lendemain, Foch adresse aux troupes alliées le message qui suit : « Soldats, vous avez gagné la plus grande bataille de I'Histoire et sauvé la cause sacrée : la liberté du monde. Soyez fiers d'une gloire immortelle dont vous avez pare vos drapeaux. »
Mais le bilan de la Grande Guerre est lourd, tant sur le plan humain avec près de 20 millions de morts, tant sur le plan sociétal et politique avec la chute des Empires :
Sur le plan humain, durant les quatre années du conflit, c'est près de 73,3 millions d’hommes qui ont pris les armes et 9,5 millions sont morts sur les champs de bataille, soit la France a perdu 1,39 millions de personnes, c’est 10 % de la population masculine active qui a disparu ; l’Allemagne a perdu 2 millions de personnes ; ou encore la Russie avec 1,8 millions de morts. Parmi les grandes puissances, c’est proportionnellement la France qui est le pays le plus touché avec la mort d’un soldat sur cinq ; néanmoins, la Serbie détient le triste record avec 40 % de son armée décimée.
Selon l’historien Antoine Prost, il manque 1 million de morts non comptabilisés dans ces chiffres, correspondant aux soldats morts en détention, ou suite à leurs blessures après la démobilisation, à ces chiffres aussi doit s’ajouter les 8,9 millions de morts civils et les 6,5 millions de blessés les gueules cassées) ou d’invalides. Mais cette Grande Guerre a fait aussi 3 millions de veuves et 6 millions d’orphelins.
Sur le plan sociétal et politique, avec la fin de la Grande Guerre, les Empires européens ont tous disparu : l’Empire allemand implose et devient la République de Weimar, avec aussi la perte de l’Alsace et la Lorraine réintégrées à la France et sur le flanc Est une réduction territoriale en faveur de la Pologne ; l’Empire Austro-Hongrois, avec la monarchie Habsbourg s'effondre au lendemain de la signature de l’armistice et se voit morcelé en plusieurs territoires : l’Autriche, la Hongrie, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie ; et l’Empire Tsariste Russe implose avec la Révolution d’Octobre 17 avec les bolcheviques.
Le règlement de la Grande Guerre, le Traité de Versailles...
Lors de l’ouverture de la Conférence de paix à la galerie des Glaces du château de Versailles, le 18 janvier 1919, soixante-dix délégués des trente-deux États vainqueurs sont présents. Le texte du traité lui-même est élaboré sans participation de I’Allemagne au cours de délibérations qui sont la plupart secrètes. Les décisions les plus importantes tombent après des négociations qui ont duré des mois en dehors des assemblées plénières, mais au cours de rencontres des quatre puissances les plus en vue : la France, la Grande-Bretagne, le Japon et les États-Unis. Plus tard, ce groupe se réduit à l'Américain Thomas Woodrow Wilson, au Britannique David Lloyd George, au Français Georges Clemenceau et à l'Italien Vittorio E, Orlando. L'idée d'une paix juste fondée sur le droit d'autodétermination des peuples est le point central des délibérations.
Les vues relatives à la mise en application de ce principe sont très éloignées les unes des autres : le Premier ministre britannique s'efforce avec Wilson de modérer les exigences énormes des réparations imposées à I'Empire allemand. La France veut de vastes garanties de sécurité, craignant toujours les idées bellicistes de son voisin. Elle souhaite une occupation militaire permanente sur le Rhin et la Sarre, ce qui est refuse par Lloyd George et Wilson. Le niveau des réparations financières reste ouvert, l'occupation de la Rhénanie limitée à quinze ans et la Sarre dépendante de la Société des Nations.
La publication des conditions de Paix provoque Outre-Rhin une Profonde indignation. L‘Allemagne doit céder environ 70 000 km² de territoire dont toutes ses colonies, elle doit être démilitarisée et porter à elle seule toute la dette de guerre. Outre les paiements en argent qui restent encore à négocier, l'empire doit livrer 90% de sa flotte commerciale, des entreprises, des matériaux de construction, du charbon et d'autres matières premières, des locomotives, des camions et des machines. Pourtant, le Reichstag se décide à entériner le traite, pour échapper à l'entrée des troupes alliées sur le sol allemand. Quelques atténuations, un référendum sur l'avenir de la Haute Silésie, par exemple, sont obtenus. De plus, la guerre a un coût estimé par les vainqueurs lors de la Conférence de Londres en 1921 à 132 milliard de marks-or. La France devant recevoir 69 milliards de marks-or, n’en recevra que 8 au final, car Adolf Hitler cessera les paiements en 1933.
Le 8 novembre 1918 à 11 heure, la Guerre prend fin officiellement, l’autre date de la fin du conflit reste le 28 juin 1919, avec la ratification par la délégation allemande du Traitée de Versailles. Alors, la paix est actée, mais pour combien de temps, car en fait, Outre-Rhin, le traité offre aide inespérée aux nationalistes et un slogan « effacer cette paix honteuse de Versailles » ; car la dureté des conditions imposées à l'Allemagne nourrira la montée de l'esprit de revanche, du nationalisme et bientôt du fascisme qui conduiront à la Seconde Guerre mondiale.
De plus, la paix ne sera que pas relative, car pour le Président américain Wilson qui avait formulé Quatorze Points qui ont constitué la base de la capitulation allemande et du traité de Versailles, pour édifier un ordre de paix durable avec des États égaux en droit, la finalité n’est qu’un règlement de comptes des vainqueurs contre les vaincus. Néanmoins, ce dernier point n’empêchera pas la création de la Société des Nations, même si le Congrès américain ne ratifie pas ce traité et refuse l'adhésion des États-Unis.