Le 22 février 1848 éclate à Paris une révolution dit « Printemps des Peuples » qui renverse en quelques jours la monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe 1er, et qui va engendrer une série de révoltes en Europe comme en Allemagne et en Italie. La Révolution française, puis le Ier Empire, ont permis de faire véhiculer dans l’Europe des monarchies, l’idée du Droit des Peuples à disposer d’eux-mêmes, et ainsi définit la Nation, comme l’ensemble des citoyens avec sa souveraineté propre, en opposition aux régnants. Par les événements du « Printemps des Peuples », une volonté d’émancipation que l’on pourrait qualifier de mouvement libéral qui va progressivement bouleverser l’ordre établi, et remettre en question le traité du Congrès de Vienne.
Cette révolution à pour beaucoup d’entre les militants, pour objet de propager cet élan révolutionnaire, et plus qu’en 1830, la traînée de poudre révolutionnaire gagne l’ensemble de l’Europe continentale, en Allemagne d’abord, puis en Pologne, en Autriche (Vienne), en Hongrie (Budapest), en Italie… C’est donc un mouvement plus global. La seconde moitié du XIXe siècle des années 1850 à 1900, et durant la première décennie du siècle suivant marque un point culminant dans le processus de construction nationale au sein de l’espace européen et dans la redistribution des cartes du point de vue politique.
La France est donc le moteur de ce mouvement. La révolution va cette fois garder dans un premier temps son caractère propre, mais devenir rapidement conservatrice. En 1949, le parti de l’ordre atteint le pouvoir, des conservateurs revenant sur les réformes de 1848. Les révolutions qui secouent la France, l’Europe centrale et l’Italie en 1848 ont des causes économiques, sociales et politiques. Elles sont précédées par la crise économique de 1846/47, crise frumentaire, qui, ressentie dans presque toute l’Europe, ruine de nombreux paysans, provoque de nombreuses faillites et prive d’emplois de nombreux ouvriers. Alors les révolutions qui vont émerger de ces crises, vont marquer l’affirmation en Europe des mouvements libéraux et nationaux. C’est la chute, le 13 mars 1848, du prince de Metternich, chancelier d’Autriche, instigateur du Congrès de Vienne, et gardien de cet ordre européen conservateur favorable aux monarchies qui favorise l’essor des mouvements nationaux.
Les révolutions de 1848 font apparaître une triple aspiration : libérale, républicaine et nationale, qui traduit l’évolution des mouvements nationaux vers un sentiment démocratique, ce qui n’était pas le cas en 1830. Donc, en 1848, éclate le « Printemps des Peuples » un mouvement plus global, qui est étroitement lié aux mutations économiques et sociales, avec l’apparition du prolétariat urbain, la diminution de la population rurale, l’élargissement des élites, qui ne sont plus cantonnées à l’aristocratie. Le petit commerce et l’artisanat ont donné naissance à une classe moyenne, qui encourage le développement de l’éducation, avec la loi Guizot par exemple en 1833 en France, qui oblige à un maillage territorial scolaire. Le développement des cafés aussi permet le dialogue social et politique. Ce mouvement des nationalités, dans une dynamique unitaire ou séparatiste, va enclencher un processus de création d’Etats-Nations. Dans le cadre de monarchie absolue, les bourgeoisies d’Allemagne et d’Italie, influencées par les idées des Lumières, veulent une société plus libérale qui permette de laisser se développer un marché national.
En Allemagne, cette révolution se traduit par un double élan, un élan libéral et démocratique, réunion à Francfort de la première assemblée nationale élue au suffrage universel, et l’aspiration nationale qui vient affirmer la nécessité de regrouper tous les allemands dans un état national. Cela donne naissance à un drapeau national, qui triomphe sur les barricades de Berlin.
La Prusse, dans la lutte pour l’unité allemande qui va reprendre plus fortement que jamais, possède de nombreux atouts : sa puissance économique, qui s’affirme depuis l’industrialisation des provinces rhénanes acquises en 1815, et aussi l’action diplomatique et militaire du roi Guillaume Ier, successeur en 1861 de son frère Frédéric-Guillaume IV, ainsi que celle de Bismarck, son premier ministre à partir de 1862. Appelé à la tête du ministère par le roi pour résoudre un conflit intérieur qui l’oppose au Landtag (la Chambre des députés), Bismarck va formuler clairement à la fois son mépris des voies parlementaires et la nécessité pour la Prusse d’évincer l’Autriche, au besoin par la force, pour imposer l’unité allemande aux princes qui demeurent particularistes. Bismarck organise alors, le 16 avril 1867, une Confédération de l’Allemagne du Nord, réunissant sous l’égide de la Prusse l’ensemble des États allemands situés au nord du Main. Cette nouvelle union, qui réunit une population de 28 à 29 millions d’habitants, a comme président héréditaire le roi de Prusse, chef de la diplomatie et des armées. Celui-ci nomme un chancelier fédéral – Bismarck –, réel détenteur du pouvoir ; il peut dissoudre le Reichstag, élu au suffrage universel direct, mais non le Bundesrat (Conseil fédéral), chambre haute formée de 43 délégués nommés par les souverains des États confédérés.
Il ne restait plus dès lors qu’à sceller l’unité politique du Nord et du Sud. Par une action diplomatique retorse, Bismarck amène la France à lui déclarer imprudemment la guerre (19 juillet 1870). La guerre franco-prussienne (ou franco-allemande, puisqu’elle réunit désormais contre la France la totalité des États allemands) se solde rapidement par une victoire éclatante des armées allemandes. Sur les ruines de l’Empire français, l’Empire allemand (IIe Reich) est proclamé à Versailles, le 18 janvier 1871. Guillaume Ier en est le premier souverain titulaire, et Bismarck, le premier chancelier. Le 10 mai, par le traité de Francfort, la France cède au nouvel Empire allemand l’Alsace et une partie de la Lorraine (le département de la Moselle).
En Italie, avec les événements du « Printemps des Peuples », mes patriotes, enthousiastes, se soulèvent dans toute l’Italie. Les Autrichiens doivent évacuer Milan. A Naples, Florence, Rome et Turin, les souverains promulguent en hâte des Constitutions libérales. Mais les démocrates sont écrasés, en mai 1848 par les troupes autrichiennes. À Rome, le pape, effrayé par les violences, s’enfuit, et les mazziniens proclament la république. Ils sont battus par les troupes françaises envoyées par Louis Napoléon Bonaparte.
La marche vers l’unité provient des initiatives de la région la plus riche, le royaume de Pièmont-Sardaigne ou règne Victor-Emmanuel II. C’est la nomination du libéral Camillo Benso Comte de Cavour, premier ministre qui va réussir l’unité en renforçant le royaume. En effet, il développe l’armée et les infrastructures économiques et obtient, par la diplomatie, l’aide de Napoléon III contre l’Autriche : les troupes franco-piémontaises sont victorieuses à Magenta et à Solférino, ce qui permet au Piémont d’obtenir la Lombardie. Inquiète des réactions pontificales et prussiennes, la France abandonne Cavour, mais des membres de la Société nationale italienne (qu’il dirige) réussissent à convaincre les Assemblées constituantes de Toscane et de Romagne de réclamer leur rattachement au Piémont. En octobre 1861, Victor-Emmanuel II est proclamé roi d’Italie : l’unité est complétée par la cession de la Vénétie par l’Autriche, grâce à la médiation de Napoléon III (1866), et la prise de Rome par l’armée italienne (1871), après le départ des troupes françaises.
La conscience nationale n’est pas encore affirmée et la souveraineté dynastique est très forte. Au-delà des solidarités nationales, le roi de Prusse ne se solidarise pas au mouvement révolutionnaire. Il n’est pas disposé à concéder la moindre réforme politique. Lorsqu’il doit choisir entre être le souverain unitaire d’un état constitutionnel ou rester le souverain de la Prusse, il choisit la deuxième option. En 1849, tous les mouvements en Europe sont écrasés avec violence, notamment en Hongrie.
L’échec des révolutions de 1848 s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs défavorables. On retiendra qu’il s’agit d’un phénomène essentiellement urbain qui a peu affecté les masses rurales, au contraire gagnées par un sentiment de peur, face à ces « rouges », à ces « partageux » qui semblent menacer leurs intérêts.
Le mouvement des idées tel qu’on l’a connu depuis la Révolution française ne s’est pas arrêté en 1815, la mise en œuvre d’une contre-révolution n’a pas stoppé la propagation des idées nouvelles, qui affrontent la répression d’un instrument policier qui se modernise. La transformation de la société européenne ne permet pas le maintien des idées d’Ancien Régime. Le libéralisme et ses échecs ont donc conduit à une forme de radicalité, du libéralisme, on passe au démocratisme, l’idée que tous les individus puissent bénéficier des mêmes droits civiques. La France a donné le "la" avec le suffrage universel, et les jours de l’autocratisme sont comptés.
Les révolutions de 1848 aboutissent partout à l’échec et sont prises comme contre-exemple par des penseurs et hommes politiques comme Marx, Cavour et Bismarck. 1848 voit à la fois le paroxysme et l’effondrement du romantisme révolutionnaire. Le « Printemps des Peuples » va être les premières fissures dans le traité du Congrès de Vienne et de l’Europe de 1815. De plus, la prise de conscience des peuples conduira à l’éveil des nationalités dans l’Europe balkanique qui mettra le feu aux poudres à la veille du premier conflit mondial.