Cette représentation est une mosaïque qui illustre « un Combat entre les Grecs et les Perses », pour être plus précis, c’est une bataille du nom d’Issos entre Alexandre III de Macédoine, plus communément connu sous le nom d'Alexandre le Grand (à gauche) et Darius III qui lui, est le roi des Perses (en haut à droite). On devine l’issue de la bataille en regardant cette scène qui montre la fuite de Darius, face à l’avancée de l’armée d’Alexandre. D’après Pline, la bataille fut déjà représentée vers 300 avant J.C. par un peintre grec. Philoxenus d’Eretre et elle fut détruite, donc cette mosaïque pourrait être une copie.
Cette mosaïque de sol est constituée de plus d’un millions et demi de tesselles (nom donné aux petit éléments carrés qui constitues une mosaïque) de marbre et de calcaire, découverte en 1831 à Pompéi dans la maison du Faune, mesurant dans son ensemble 3,13 m de hauteur sur 5,82m. Découverte le 24 octobre 1831, elle se trouve dans l’axe du tablinum et de l’atrium de la maison. Cette très précieuse mosaïque est conservée aujourd’hui, au Musée National de Naples, mais sa représentation raconte la grande Histoire d’Alexandre le Grand ou comme le rappelle si bien Chateaubriand « il est celui qui a fait connaitre au monde le nom des grecs ».
Alexandre le Grand, roi de Macédoine, à l'âge de 20 ans, fils du roi Philippe II de Macédoine et d’Olympias, fille du roi des molosses, issu de la famille des Argéades affirmant descendre d’Héraclès. De plus, la légende veut qu’Olympia ait rêvé la veille de ses noces, que la foudre lui était tombée dans le ventre, Alexandre serait ainsi le fils de Zeus.
Dès seize ans, en l’absence de son père, il assume la régence du royaume. À dix-huit ans, il participe à la bataille de Chéronée en 338 et écrase le bataillon thébain à la tête de la cavalerie macédonienne. En 336, Philippe est assassiné et Alexandre lui succède à vingt ans. Il a l’ambition de conquérir le monde. Entre 334 et 326, il conquiert, la Syrie, l’Egypte où il fonde la ville d’Alexandrie et ou on lui décerne les honneurs divins, pénètre loin en Perse.
Néanmoins, ses nombreuses batailles entraînent une rébellion de son armée en 326 alors qu’il descendait la vallée de l’Indus ce qui l’oblige à rebrousser chemin. Il épouse la fille de Darius à Suse en 324. En 323, il prépare la conquête de l’Arabie, mais tombe malade le 30 mai et meurt le 10 juin à l’âge de trente-trois ans sans laisser de successeur. Il est encore à ce jour un des personnages les plus connus de l'Antiquité et son exploit militaire ne sera jamais égalé, jusqu’à Napoléon Ier Empereur des Français.
Reconstitution de la représentation en mosaïque de la bataille d'Issus d'après un tableau d'Apelles trouvé à la Maison du Faune de Pompéi (publié en 1893)
Cette mosaïque illustre l’une des trois plus grandes victoires d’Alexandre dans sa conquête contre Darius III, après la bataille du Granique, en 334 avant notre ère, Alexandre traverse la mer et se jette sur l'Asie mineure, mais dès l'hiver, Darius III reprend l'initiative et commence à regrouper une armée à Babylone, qui souhaite sa revanche sur Alexandre. Cela sera dans l'antique Cilicie vers le pilier de Jonas, que Daruis III avec son armée de près de 100 000 soldats défit Alexandre et ses 40 000 hommes.
Darius tient une position défensive dans une étroite plaine côtière que traverse le fleuve Pinaros avec l'avantage de mettre son armée la première en ordre de bataille. Il se positionne au centre, juché sur son char avec sa meilleure infanterie sa cavalerie royale. De son côté, Alexandre dirige la cavalerie des Hetairoi (compagnons), sur le flanc droit tandis, qu'il place sur le flanc gauche, appuyé au rivage, la cavalerie thessalienne et thrace sous le commandement de Parménion. La phalange, disposée en retrait le long du cours d'eau, est protégée sur ses flancs par des bataillons de peltastes.
Au moment où les deux armées vont à l’affrontement, Alexandre contourne le centre de l’armée perse pour la prendre entre l’enclume et le marteau. Darius, au centre de son dispositif, voyant cette charge surprise, panique et décide de prendre la fuite avec sa garde d’Immortels. Le moment qui nous est représenté sur cette mosaïque est précis, il s’agit de la rencontre entre les deux armées sur la plaine ou Darius s’est installé pour attendre Alexandre. La nouvelle de la fuite de Darius met plusieurs heures à circuler au sein de l’armée perse, qui continue les combats dans un désarroi grandissant, jusqu’à l’écrasement complet. Le bilan de la bataille est estimé à 7 000 du côté des Macédoniens et 20 000 du côté des Perses et une victoire incontestable d’Alexandre face à Darius III, roi des Perses.
La bataille d’Issos est une grande victoire pour Alexandre, la mosaïque glorifie le personnage contrairement à Darius qui fuit, fait preuve de lâcheté. Elle montre le courage et la bravoure d’Alexandre qui dirige son armée contre les Perses beaucoup plus nombreux. Alexandre est sur son Bucéphale, selon la légende, c’est un cheval qui se nourrissait de chair humaine. Etant adolescent, Alexandre réussit à le dompter en comprenant que le cheval avait peur de son ombre. On insiste sur Bucéphale car les représentations d’Alexandre à cheval sont très nombreuses, c’est un code de représentation qui permet d’appuyer les origines divines d’Alexandre. Le corps est représenté de face et la tête de profil.
Sur la cuirasse, on se rend compte que la mosaïque est riche en détail. On voit les plaques de fer qui le protège, le mouvement qui est légèrement en arrière à cause de la cambrure de Bucéphale, on voit aussi le mouvement de la cape repliée vers l’arrière. Il tient une lance dans sa main droite, sa main gauche est cachée, mais on peut supposer qu’il tient les rênes de son cheval. On voit bien l’épée à sa gauche qui semble richement décorée comme la cuirasse ou différentes bandes de cuir servent à protéger le haut des cuisses, une ceinture attachée par deux nœuds qui la relie aux parties supérieures de ce qui protège Alexandre (l’épaule). Sur le buste, on a la représentation de la gorgone, tête de méduse, elle a pour but d’éloigner la malchance et les mauvais esprits, elle sert aussi à terrifier les ennemis.
On veut aussi montrer sa détermination, son courage et sa puissance face à l’ennemi. Le Roi perse Darius, quant à lui, est monté sur son char. Il semble plus haut qu’Alexandre et moins proche de ses hommes. Son regard est plus marqué par la peur que la détermination. L’allure de sa main montre son impuissance à gérer la situation. De l’autre main, il tient son char. Il est coiffé de la mitra, coiffure perse traditionnelle et non-adaptée au combat. On peut penser qu’il est volontairement féminisé pour l’humilier. Il semble écartelé entre les différents mouvements de ses troupes et totalement perdu, impuissant fade aux assauts de l’armée macédonienne.
Reconstitution complète de la mosaïque de la bataille d'Issos, entre Alexandre et Darius, dans la Maison de la Faune à Pompéi
En conclusion, on peut donc dire que la représentation d’Issos est le symbole de l’efficacité de l’armée d’Alexandre et de ses victoires. Cette armée est organisée, guidée par un chef brave, courageux et militairement expérimenté. Il incarne un modèle que les Romains très attirés par la culture grecque, cherchent à copier et atteindre, d’où la présence de cette mosaïque dans un habitat romain. Alexandre est le symbole de la victoire et de la conquête. Ses essences divines en font l’un des plus grands empereurs. À 25 ans à peine, Alexandre a gagné son pari. Il est couronné roi d’Asie, tandis que Darius est assassiné en 330 av. J.-C. par ses satrapes. En gagnant Gaugamèles, Alexandre n’a pas simplement remporté une bataille, il a pris le pouvoir sur l’Orient, ce qui lui permet d’achever son dessein impérialiste d’hellénisation à vocation universelle.