Andreï Jdanov (ou Zhdanov), troisième secrétaire du Parti communiste d'Union soviétique (PCUS), le 22 septembre 1947, prononce un discours doctrinal sur la situation internationale, lors de la conférence d'information des partis communistes à Szklarska Poreba en Pologne. En réponse à l'exposé de la doctrine d’endiguement des Etats-Unis d’Harry Truman, en mars 1947, contre son nouvel ennemi les communistes, appelant ainsi à s'unir à lui contre l'expansion soviétique.
La doctrine Andrei Jdanov reflétant l'idéologie soviétique, vient alors s’opposer à la doctrine Truman ; jetant les bases de la politique étrangère soviétique qui durera sur la Guerre froide, en montrant bien que le rideau de fer était tombé sur l’Europe. De 1945 à 1991, une guerre froide ponctuée de périodes de détente oppose les Etats-Unis à l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS), chacun voulant imposer son modèle au reste du monde. D’un côté, il y a le « camp impérialiste », dirigé par les États-Unis ; et de l’autre, il y a les « forces anti-impérialistes et antifascistes », avec l’URSS forte de sa victoire contre les nazis.
Et en cette année 1947, l’Europe est en pleine reconstruction après la fin de la Seconde guerre mondiale, les gagnants de cette guerre s’opposent doctrinalement parlant, L’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) devient une des deux superpuissances mondiales avec les Etats-Unis d’Amérique. Lors de la conférence de Szkralska Polewa en Pologne en septembre 1947 qui réunit des délégués des partis communistes soviétique, bulgare, français, hongrois, italien, polonais, roumain, tchécoslovaque et yougoslave ; Andreï Jdanov répond à la provocation américaine et dresse le tableau d’une Terre divisée en deux : « D’une part le camp impérialiste antidémocratique qui a pour but essentiel l’établissement de la domination mondiale de l’impérialisme américain et les écrasements de la démocratie et, d’autre part, le camp anti-impérialiste démocratique dont le but essentiel consiste à saper l’impérialisme, à renforcer la démocratie, à liquider les restes du fascisme. »
La Doctrine Jdanov reprend le clivage exposé par les américains de ces deux mondes, mais inverse les arguments du « Bien » et du « Mal » créant une opposition parfaite à la doctrine Truman. D’un côté, il y a le « camp impérialiste », dirigé par les États-Unis. Les pays qui s’allient à ces derniers sont « colonialistes », mais surtout « antidémocratiques ». De l’autre côté, il y a les « forces anti-impérialistes et antifascistes », parmi lesquelles on retrouve évidemment l’URSS et ses alliés, comme le Viêt Nam ou encore la Roumanie. Contrairement aux États occidentaux, ils sont engagés sur la « voie du progrès démocratique ».
Après la déclaration de Jdanov, les communistes s'unissent dans le Kominform, opposant ainsi une résistance unifiée et cohérente, face aux Etats-Unis. Le Kominform (Bureau d’information des partis communistes et ouvriers) l’imposera à tous les partis communistes participants. Cette organisation naquit seulement quelques jours après la formulation de la doctrine Jdanov, ayant pour but de contrôler étroitement l’idéologie des antennes situées dans de nombreux pays en Europe.
Rapport Andrei Jdanov - Réunion Kommiform Septembre 1947
« C'est aux partis communistes qu'incombe le rôle historique de se mettre à la tête de la résistance au plan américain d'asservissement de l'Europe. »
La doctrine Jdanov permet à l’URSS d’imposer sa politique et son idéologie, mais aussi un plan d’action pour contrer les Etats-Unis par tous les moyens et éviter qu'ils n'asservissent l'Europe ; en créant une alternative socialiste. Les outils que seront le Kominform, le Conseil d'assistance économique mutuelle (CAEM) et le pacte de Varsovie seront le pendant au plan Marshall américain at à l’Alliance Atlantique (OTAN).
Le CAEM est l’opposé du plan Marshall et sa définition est différente bien sûr selon les deux points de vue : à l’Ouest, côte américain et zone de libre-échange et à l’Est, côté soviétique. Pour les premiers, il s’agit d’un mécanisme permettant d’assurer à l’URSS son influence sur de plus petits pays et pour ses créateurs, il est un groupement qui coordonne la planification par l’économie socialiste, visant à une meilleure intégration et à un développement rationalisé. Dans les faits, il repose sur l’économie planifiée par l’État soviétique, avec la taxation arbitraire des prix, de la valeur de la monnaie et de la production ; mais aussi sur la spécialisation des activités, par exemple, la production d’autobus en Hongrie, de navires en Pologne, ou encore d’équipements pour l’industrie pétrolière en Roumanie ; et enfin sur la priorité aux équipements de l’industrie lourde (oléoduc Druzhba entre l’URSS et les pays d’Europe centrale ; réseau électrique Mir de la Mongolie jusqu’en Europe) au détriment des biens de consommation. Le CAEM a une volonté idéologique et comme objectif, « le développement harmonieux de la coopération économique entre pays membres sur la base de la division internationale socialiste du travail », avec l’instauration d’une division internationale socialiste du travail correspond à la répartition mondiale des productions en fonction des avantages comparatifs de chaque espace producteur. Mais en réalité, le CAEM provoqua une dépendance économique accrue des pays satellites d'Europe de l'Est envers l'Union soviétique, entre autres par l'obligation de l'usage du « rouble transférable » dans les transactions inter-États, mais néanmoins, il ne survivra pas à l’ouverture internationale après la chute du mur de berlin en 1989 et est dissout le 28 juin 1991.
Le Pacte de Varsovie est la protestation soviétique contre le Pacte Atlantique, le considérant comme agressif et contre l’Union soviétique et contraire à la Charte des Nations Unies. Nikita Khrouchtchev institua le pacte de Varsovie, avec comme principale raison, l'adhésion de la République fédérale d'Allemagne « en voie de remilitarisation » au traité de l'Atlantique nord au moment de la ratification des accords de Paris le 9 mai 1955. Le traité de Varsovie se proclamait ouvert à tous les États, « indépendamment de leur régime social et politique ». L'adhésion de nouveaux membres restait toutefois soumise au consentement des États signataires (art. 9). Il prévoit une assistance à tout Etat qui serait victime d’une agression, mais en réalité ses interventions militaires furent plutôt des opérations de police interne au camp communiste, exemple à Budapest en 1956 ou lors du mouvement du Printemps de Prague en 1968.
Le Pacte de Varsovie est surtout d'un stratagème d'ordre tactique ; en proposant le démantèlement simultané des deux alliances, Khrouchtchev croyait pouvoir se débarrasser de l'OTAN tout en maintenant un système d'accords de défense bilatéraux avec les pays de l'Europe de l'Est. Les nations appartenant à l'OTAN et au pacte de Varsovie ne se sont jamais affrontées directement dans un conflit armé, mais se sont combattues indirectement dans le cadre de la guerre froide durant plus de 35 ans. Avec la dislocation de l’URSS après la chute du mur, s'ensuivit une série de changements politiques rapides et en janvier 1991, la Tchécoslovaquie, la Hongrie et la Pologne annoncèrent leur retrait du pacte pour le 1er juillet. La Bulgarie, étant un État traditionnellement proche de la Russie, ne se retira, elle, qu'en février 1991 lorsqu'il apparut que le pacte était définitivement mort. L'URSS reconnut l'état de fait et le pacte fut dissous officiellement lors d'une réunion à Prague le 1er juillet 1991.
Sur le plan idéologique, la doctrine Jdanov a pour but de consolider le communisme soviétique dans les démocraties populaires et de préparer la révolution dans les pays de l’Ouest-européen, qui adhèrent à cette organisation. Cette vision d’un monde bipolaire survivra à son créateur Andreï Jdanov, décédé en août 1948 et ses successeurs, les dirigeants à la tête du PCUS continueront à défendre cette ligne contre l’impérialisme des États-Unis, et pour la liberté des peuples. Cet affrontement entre le capitalisme et le communisme durera jusqu'en 1991, année de l'effondrement du bloc soviétique.