Le Peuple américain, vient de choisir son 44ème Président pour la deuxième fois en la personne de Barack Hussein Obama. Sa victoire est humble et exceptionnelle à la fois pour trois raisons principales : la première est que sa marge de manœuvre politique va être étroite car si le Sénat est démocrate, la Chambre des Représentants est républicaine, voire ultra conservatrice ; la deuxième raison est que c’est le seul président dit de « crise » a résisté à la bascule électorale et enfin, la troisième raison est plus historique en soit, car c’est la deuxième fois, après Bill Clinton dans les années 1990, qu'un démocrate est réélu à la Maison Blanche depuis la Seconde Guerre mondiale.
La victoire doit être humble et l’atmosphère au Obama Headquaters hier soir, le démontrait, les militants étaient heureux de cette victoire mais conscient que l’avenir était incertain et instable. En effet, le taux de chômage approche les 8%, pour être précis : 7,9 % en octobre.
Sur le plan des élections législatives, si les démocrates sont majoritaires au Sénat, les républicains maintiennent leurs mainmises sur la Chambre des représentants, laissant présager d'un statu quo synonyme d'impasse politique au Congrès pour le second mandat de Barack Obama. Les promesses de campagne vont être dure à tenir, car le Président va devoir négocier avec les républicains, or lors des quatre dernières années, il a préféré l’affrontement direct, par conséquent, son « job » va être d’incarner le rassembleur. Son discours de victoire est empreint de ce message d’unité : « Il faut arriver à un compromis pour aller de l'avant. Notre économie se reprend. Nous avons mis fin à 10 ans de guerre. Ce soir, vous avez voté pour l'action, pas pour la politique habituelle. [...] Ce que je souhaite faire dans les semaines à venir, c'est travailler avec les leaders des deux partis »
Quels chantiers attendent le locataire du Bureau Ovale ?
La première affirmation est que des compromis vont être nécessaires pour faire avancer les Etats-Unis. Dans son discours de victoire, depuis Chicago, Barack Obama a assuré qu’il coopérerait avec les représentants démocrates et républicains pour réduire le déficit budgétaire, améliorer la fiscalité et réformer la législation sur l'immigration. Il s'est en outre engagé à réduire la dépendance aux importations d'hydrocarbures. Mais voyons ces chantiers :
Comme la France, le premier gros chantier va être la dette et le budget 2013 : afin d’éviter à nouveau, ce que les Américains appellent le fiscal cliff (précipice budgétaire), un accord au Congrès est nécessaire ; car si démocrates et républicains ne parviennent pas à s'entendre, c’est 400 milliards de dollars de coupes budgétaires automatiques interviendront dès le 1er janvier 2013, frappant sans discernement les postes du budget, dont la défense. La meilleure méthode pour donner un coup de fouet à l'activité économique semble être de lever l'hypothèque du « mur budgétaire », ces quelque 600 milliards de dollars de hausses d'impôts et de coupes dans les dépenses qui menacent de s'appliquer début 2013 et pèsent déjà sur les décisions d'investissement des entreprises.
La question de la dette va dominer le prochain mandat, chaque candidat ayant reconnu la nécessité de faire maigrir l'État fédéral, car elle s’élève à ne dette à 16.000.000.000.000 de dollars, aujourd’hui. Obama a promis de la réduire de 4 000 dollars, par habitants dans les quatre années à venir, de 3 manières : coupe budgétaire dans les programmes gouvernementaux, augmentation des impôts pour les plus riches et l’investissement dans des nouveaux projets d’infrastructures.
L'autre enjeu qui a dominé l'élection est celui de l'emploi : avec un taux de chômage de 7,9 %, soit plus de 23 millions de personnes sans emploi. Obama a évoqué la création d'un million d'emplois manufacturiers en quatre ans, via l'incitation au rapatriement des usines délocalisées. Il veut développer les énergies alternatives, à haute intensité technologique. Comme il l’a démontré, avec Général Motors et Chrysler en 2008 (misant sur la reprise de leur croissance et anticipant sur un remboursement, L’Administration Obama prête alors 49,5 milliards de dollars à General Motors, dont elle a déjà remboursé 24 milliards, ramenant la part détenue par l'Etat de 60% à 30%. Chrysler reçoit 10,5 milliards de dollars en subvention qu'elle a pratiquement remboursé dans sa totalité.), produire aux Etats-Unis c’est encore possible, avec son plan d’investissement dans les Etats du Midwest : Wisconsin, Ohio et Iowa. Ce qui a été aussi payant lors de cette élection, puisque ces trois états ont massivement votés pour Obama entre 52 et 57%.
Sur le plan de la santé, la mesure phare du mandat de Barack Obama, « Obamacare » a été validée par la Cour suprême, au mois de juin dernier, mais les bienfaits de cette loi ne seront visibles qu'après son entrée en vigueur en 2014. La pièce maîtresse de la réforme est l'obligation pour tout Américain de se doter d'une assurance maladie. Mais ce chantier n’est pas encore fait car son plan coûte cher,
La réforme des écoles publiques élémentaires et secondaires, apparaît comme une urgence, car ce système est en total déliquescence, un réforme peut être un moyen de stimuler l'emploi des jeunes et rendre à l'Amérique sa compétitivité. Mais l’immigration ou encore l’écologie sont aussi deux énormes chantiers auxquels le Président Obama va devoir répondre durant son nouveau mandat.
En dernier lieu, quel va être la politique étrangère des Etats-Unis, durant ces quatre prochaines années ? Le dossier du nucléaire iranien apparaît comme le plus urgent, alors qu'Israël, impatient, affirme qu'il ira frapper l'Iran si ce dernier s'approche de la capacité nucléaire. L'ombre d'une multitude de crises au Moyen-Orient plane, en dehors de la crise du nucléaire iranien, notamment la guerre civile syrienne, ou encore l'avenir de la relation avec l'Égypte, dominée par les islamistes. La question palestinienne va être aussi un des enjeux de ce mandat pour Obama, ramener la négociation entre palestiniens et israéliens. Sur le plan du Pacifique, ou pour être plus précis en Asie, la Chine va-t-elle être le grand rival émergent ? Avec ses tentatives impérialistes en mer de Chine, avec le Japon menace. Nonobstant, le principal chantier de la présidence Obama restera le terrorisme et ses menaces, malgré le retrait des troupes américaines d’Afghanistan pour 2014, il reste présent dans la sphère washingtonienne et devrai rester le premier point des briefings de sécurité quotidien pour le Président.
Son message d’espoir, hier soir reste « le Meilleur reste à venir », et le message de l’Amérique du possible, le retour de l’espoir et du rêve est de retour, l’Amérique d’Obama est là : « Je suis plus déterminé que jamais à vous défendre, vous le peuple, en retournant à la Maison-Blanche. […]Je sais que nous pouvons tenir la promesse de nos pères fondateurs, qui que vous soyez, noir ou blanc, jaune ou hispanique, homosexuel ou hétérosexuel, je sais que nous pouvons saisir cet espoir tous ensemble. Nous sommes plus que des états bleus et des états rouges, nous sommes les États-Unis, la plus grande nation du monde. […]Ce soir, malgré les périodes difficiles, je n'ai jamais été aussi serein quant à notre avenir. Je vous demande d'entretenir un espoir. Je ne parle pas d'un idéalisme aveugle, mais l'espoir est en chacun de nous. Nous pouvons tenir la promesse de nos pères fondateurs. Nous montrerons au monde que nous vivons dans la plus grande nation du monde. Que Dieu bénisse les Etats-Unis. »