Ce 4 avril 1968, sur le balcon du Lorraine Motel de Memphis, Tennessee, Martin Luther King est assassiné pour avoir été le porte-parole de ceux qui souffrent. L’apôtre de la lutte pour l’égalité des droits des noirs et de la non-violence était venu en soutient aux éboueurs noirs en grève.
Le combat d’une vie, pour une cause qui dépassera l’homme, s’est-il achevé en ce jour fatidique. ? Le pasteur de Montgomery, Martin Luther King, Prix Nobel de la Paix depuis 1964 fut assassiné dans une Amérique ségrégationniste malgré les avancées. Cinquante ans après que reste t’il du rêve d’unité prôné un jour d’août 1963, à Washington devant 250 000 personnes, celui « où tous les enfants de Dieu, les Noirs et les Blancs, les juifs et les non-juifs, les protestants et les catholiques, pourront se donner la main et chanter les paroles du vieux negro spiritual : ‘‘Enfin libres, enfin libres, grâce soit rendue au Dieu tout-puissant, nous sommes enfin libres ! ‘’ ».
La fin du rêve …
Celui d’une Amérique insouciante, en 1968, l’Amérique s’éloigne des rêves des années passées, de l’American Dream et du New Frontier. Le pays sur le plan intérieur est toujours en proie à une volonté de changement, mais qui se heurte à une forte opposition conservatrice. Mais dans ces années ou l’Amérique se veut le leader du Monde Libre, comment pouvait-elle refuser de traiter ses citoyens à égalité.
La ségrégation raciale est un triste héritage de l’Histoire, les deux présidents A. Lincoln et John F. Kennedy l’ont payaient de leurs vies … Mais l'égalité des droits comme l'affirme John Kennedy est une obligation morale car « Quand les américains sont envoyés eus Vietnam ou à Berlin ouest, on n’envoie pas seulement des Blancs … cette nation, malgré tous ses espoirs ne sera pas libre, tant que tous ses citoyens ne le sont pas. ».
Dans la décennie écoulait nombreux sont les heurts ségrégationnistes, mais aussi des combats contre la haine : Le courage à Montgomery de Rosa Park, en décembre 1955, ou à la Little Rock’s Central High Scholl celui d’Elizabeth Eckford en septembre 1957, James Meredith, à l’université d’Etat du Mississippi en septembre 1962… Mais le revers est que plus cruel, assassinats, meurtres, attaques terroristes… l’attaque de l’église baptiste de Birmingham en Septembre 1963, le meurtre des 3 militants des droits civiques dans le Mississippi en 1964 ou encore l’assassinat de Malcom X en 1965,…
Les morts du pasteur et quelques semaines plus tard de Robert Kennedy marquent la fin de l’Amérique insouciante des sixties, heurtée de plein fouet par la réalité de la haine, de la fracture sociale qui dure depuis toujours entre deux communautés.
Robert Kennedy, frère du Président Kennedy lance depuis Indianapolis, dans son discours à l’annonce de la mort du pasteur King : « ce dont l’Amérique a besoin, c’est d’amour, de sagesse et de compassion envers son prochain et d’un élan de justice envers ceux qui souffrent encore à l’intérieur même de ce pays, quelle que soit la couleur de leur peau. »
Mais loin de ce message, une révolte celle d’une communauté dévastée par la perte du leader de la non-violence, qui se déchaine dans tout le pays, dans plus de 125 villes, quarante noirs et cinq blancs vont y perdre la vie. 68 000 soldats vont être déployés pour tenter de maintenir l’ordre, 20 000 arrestations et rien que pour la capitale fédérale Washington D.C., c’est plus de 1 000 agressions et 7 000 arrestations.
On a tous quelque chose de Martin Luther King
« I have a dream » qui ne connait pas sur Terre cette expression, qui depuis 55 ans reste d’actualité sur l’ensemble du globe. Le Docteur Martin Luther King restera pour l’éternité, le penseur, le poète, disciple de Ghandi appliquant la philosophie de la non-violence dans sa lutte pour les droits civiques des Américains noirs et même au-delà sa lutte contre la pauvreté.
Les avancés dans les années 60 sont à la hauteur de l’engagement de ces milliers de personnes pour leurs droits. Rappelons que dans les Etats du Sud, jusqu’en 1960, les noirs n’avaient pas le droit de se marier avec des blancs, d’aller dans les mêmes écoles que les blancs, de fonder des syndicats et de s’exprimer par le vote. La Ségrégation est une réalité du quotidien qui 100 ans après l’abolition de l’esclavages continue de faire des noirs une population considérée comme inférieure.
Le combat alors est clair pour Martin Luther King, car « Être noir dans ce pays et avoir un minimum de conscience. C’est en colère tout le temps. » Martin Luther King justifia son action dans la très célèbre lettre d'une prison de Birmingham: "L'action directe non violente [résistance non violente à l'injustice] cherche à créer une telle crise et établir une tension créatrice qu'une communauté qui a constamment refusé de négocier est obligée d'affronter la question [...] Je dois admettre que je n'ai pas peur du mot tension. J'ai sincèrement travaillé et prêché contre toute tension violente, mais il existe une tension constructive qui est nécessaire pour avancer [...] l'objectif de l'action directe est de créer une situation de crise extrême qui ouvrira inévitablement la porte à la négociation."(extrait de la "Lettre d'une prison de Birmingham", du 16 avril 1963)
Mythe pour l’éternité …
50 ans après sa disparition, sa voix continue de lancer ce message d’espoir unificateur… Même si l’homme est tombé un soir d’avril 1968, le mythe a repris le flambeau pour être encore plus que jamais vivant dans l’esprit de tous les hommes et femmes qui combattent encore l’injustice de la ségrégation qui ne veut pas porter ce mon de nos jours.
L’espoir est arrivé à un apogée avec l’ascension à la Maison-Blanche de Barack Obama le 4 novembre 2008, un homme noir de Chicago. C’est le point culminant du rêve d’égalité raciale formé par Martin Luther King, sur les marches du Lincoln Memorial en juin 1963. Même si Le Président Barack Obama peut être considéré comme l’héritier de la Marche et que ce dernier a toujours répété que la Pasteur King est source d’inspiration, sa politique sur ses mandats successifs reste une avancée nuancée pour la population noire.
Le Président Obama rappelle qu’il le président de tous les américains mais aborde aussi les problèmes de la question raciale sans détour : « Je crois cependant que notre nation, aujourd’hui, ne peut pas se permettre d’ignorer la question raciale. », dans son discours de Philadelphie en mars 2008. Il y rappelle que les blancs ont été au cœur des violences et humiliations subies par les populations noires ce qui expliquent de tous le ressentiment et comme le disait Martin Luther King : « Être noir dans ce pays et avoir un minimum de conscience. C’est en colère tout le temps. » Le Président Obama a souhaité s’inscrire dans les pas de l’apôtre de la Paix en promettant de « continuer la longue marche de nos prédécesseurs, une marche pour une Amérique plus juste, égalitaire, libre, bienveillante et prospère. »
Le rêve toujours, mais une dure réalité …
Loin des paroles et des actes, 50 ans après la mort de Pasteur King, la réalité des tensions raciales est toujours là. En février 2012, l’assassinat d’un jeune adolescent noir par George Zimmerman, Trayvon Martin, victime de stéréotypes racistes. Zimmerman sera acquitté en juillet 2013, ce qui créera à nouveau des élans de contestations et d’indignation. Mais la liste des actes racistes est bien longue encore : Fergusson (Missourri) , en 2014 Micheal Brown abattu par un policier blanc ; Sacramento (Californie), en 2016, Stephon Clark, abattu des 20 balles dans son jardin par les forces de l’ordre, le téléphone portable qu’il avait dans les mains a été pris pour une arme ; Bâton-Rouge (Louisiane), en 2016, Alton Sterling abattu dans le dos alors qu’il est menotté à terre par deux policiers blancs ; …
Selon une étude du site d’investigation ProPublca, les jeunes hommes noirs tués par la police sont 21 fois plus nombreux que les blancs. Selon le décompte du Washington Post, 987 personnes ont été tuées par la Police en 2017, dont 68 n’étaient pas armées et 23% étaient des hommes noirs alors qu’ils ne constituent que 6% de la population américaine.
Alors oui, le rêve est toujours présent celui d’une nation juste, celui d‘une nation égalitaire, mais les tensions raciales sont à leur paroxysme, et l’élection de Donald Trump n’arrangera en rien les choses, puisque les discours et les propos tenus sont une nouvelle stigmatisation des communautés. Mais l’espoir en un lendemain meilleur fait partie du rêve américain, l’espoir d’union est écrit sur les sceau des Etats-Unis, alors le rêve de Martin Luther King reste une flamme que doit aujourd’hui porter la nouvelle génération pour faire d’un rêve une réalité.