Le 26 juin 1963, le président américain John Fitzgerald Kennedy prononce sur la place de l'hôtel de ville, à Berlin-Ouest un discours qui reste dans la mémoire collective à cette simple expression : « Ich bin ein Berliner ». Ces quatre mots, le Président Kennedy, les a prononcé dans le contexte de la guerre froide, soit de l'affrontement idéologique entre les deux superpuissances américaines et soviétiques.
Mais au delà de cela, par ces mots, le Président américain a conquis le cœur d’une ville et a suscité l’espoir. Par ce discours, le président Kennedy, au nom de la liberté, a souhaité lancé un appel pour la réunification de l’Allemagne dans la paix et a exprimé l’espoir que des possibilités de réconciliation étaient possibles. Oui, mais pour cela il faudra attendre encore quelques années à cette époque.
La visite de Kennedy à Berlin-Ouest...
Et fort de sa stature de leader du monde libre, à la fin du mois de juin 1963, le Président s’envole pour un voyage en Europe, et plus précisément en Allemagne de l’Ouest et en Irlande. Le voyage a pour but de renforcer la présence américaine qui est alors nécessaire pour l’Administration Kennedy, pour contrecarrer la politique de De Gaulle - Adenauer, alliance France-RFA.
En effet, le voyage du Président Kennedy sur un plan politique, a trois objectifs principaux : démontrer que la communauté transatlantique est sous la direction ferme des Etats-Unis ; « gagner et marquer des points » sur les Européens occidentaux sur le plan de la coexistence paisible avec les blocs politiques antagoniques comme la France, de De Gaulle ; et un objectif économique, en faveur des Etats-Unis.
Berlin est le symbole du différentiel entre les deux modèles, en 1963, le modèle soviétique est décrit avec des mots forts, par le président Kennedy, dans son discours. Selon le journaliste Hugh Sidey, cette réaction violente est due à la réaction du président Kennedy, à la porte de Brandebourg face au mur : « il ressemblait à un homme qui venait juste d'apercevoir l'enfer. » En effet, le mur est l’opposé physique de la nouvelle vision politique de Kennedy : la New Frontier. Malgré, un réchauffement des relations internationales entre les deux blocs, cette visite à Berlin du président Kennedy marque un retour en arrière ; en effet, Berlin devient pour une journée le terrain d'affrontement idéologique entre les deux modèles : le communisme et la démocratie, l’Est et l'Ouest qui sont différents physiquement et culturellement, Berlin présente l'exemple le plus rigide de ces différences.
Les conséquences de cette visite sur l’Histoire ...
Le discours du Président John F. Kennedy, à Berlin-Ouest ne contient aucune annonce ou mesure concrètes, mais il peut être considéré comme une première fissure dans le Mur de Berlin et au-delà, dans les fondements idéologiques du bloc. Pour les auteurs du sujet, comme Jacques Portes, l’allocution du président John Kennedy, prononcée face à l’Est, avec sa formule « Ich bin ein Berliner » fera le tour du monde, mais aucune mesure concrète ne l’accompagnera.
Pour Frederick Taylor, ce même discours a eu des effets immédiats, d’abord par l’émotion suscitée par la visite d’un Président des Etats-Unis, en Allemagne. Sur un plan plus politique, ce discours permit aussi au bourgmestre de Berlin-Ouest Willy Brandt, de pouvoir assumer sa politique et de la déclencher, ce que les historiens qualifieront d’« Ostpolitik », ce qui est alors, un appel lancé vers le bourgmestre de Berlin-Est Otto Bahr qui conduira quelques mois plus tard à une politique du « changement par le rapprochement ». Certes ce discours est bien plus agressif que prévu, mais il répond à l’émotion du moment du président, émotion renforcée à la découverte du Mur, le matin même, et aussi à la vision des affiches communistes apparues à la Porte de Brandebourg.
Pourtant le Président n’a rien promis, rien signé, il s’est contenté d’apporter son soutien moral aux Berlinois de l’Ouest, en réaffirmant que le sort de leur ville est lié à celui du monde. Mais en tant que leader du Monde libre, la phrase « Ich bin ein Berliner. » est sans aucune mesure, un symbole fort de la volonté des Nations de l’Ouest de combattre le communisme.
Discours du Président John F. Kennedy à Rudolph Wilde Platz, Berlin-Ouest
On peut réellement avancer que ce discours est le premier coup de pioche dans le Mur de Berlin, et au-delà de la confrontation idéologique, une réelle mise en accusation du modèle communiste. Les actualités cinématographiques de l’époque, comme l’Universal International News, rapportera d’ailleurs cette vision de la visite du président Kennedy à Berlin : « Le Président monte sur l’estrade érigée pour lui à 45 mètres du Mur. Son arrivée est un moment d’émotion. Le Chef de la démocratie suprême contemple le symbole de la déchéance imposée par une dictature. »
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