Le texte qui suit n'est pas un article à proprement parlé, mais un discours d'un cycle de conférence que j'ai entrepris en 2012, dans les lycée de Midi-Pyrénées....
Voici aussi un article plus récent qui réactualise les informations ci-dessous : Esprit de Défense, du Citoyen au Héros
Dans une semaine, le 11 novembre prochain, nous allons célébrer la fin de la Première Guerre Mondiale, et surtout nos morts qui sont tombés au champ d'honneur, pour la liberté la démocratie et surtout pour la défense de notre Patrie, drapeau, pays,... Alors il me semble intéressant de s'interroger sur : Qu'est-ce que l'esprit de défense en 2012 ?
L’esprit de défense n’est pas une notion aisée à définir tant le sujet est vaste. Cependant, l’esprit de défense désigne la volonté d’exister et de perdurer de notre Etat. Ainsi, la notion d’esprit de défense est intrinsèquement liée à notre vouloir vivre ensemble et aux conditions de possibilité de ce dernier. En clair, l’esprit de défense est ce pourquoi une société a le devoir d’assurer sa survie.
Pour être plus précis, dans cette première définition, je vais me référer au Livre Blanc de la défense de 2008, l’esprit de défense y est définit comme étant « l’adhésion de la nation est la condition de l’efficacité de l’appareil de défense et de sécurité et de légitimité des efforts qui lui sont consacrés ».
Il est important de rappeler la parole du fondateur de notre Vème république, le Général de Gaulle : « La défense est la première raison d’être d’un Etat, il n’y peut manquer sans se détruire lui-même. »
Néanmoins, il serait très réducteur de s’arrêter là, pour définir l’esprit de défense, au-delà de l’Etat, l’esprit de défense est lié aux citoyens qui peuple ce dernier, si besoin en est je vous rappelle qu’un citoyen est l’habitant de la cité qui jouissait du pouvoir de voter et donc de décider de la vie de la cité, à l’époque antique. Donc, l’esprit de défense est lié aux devoirs qui unissent le citoyen à sa patrie.
Tiens, cela me rappelle la phrase de Thucydide, Homme politique et historien athénien :
« Qu'importe la taille des vaisseaux et des murailles de la Cité si la volonté de Défense du citoyen n'existe pas. »
Alors sans remonter à l’époque antique, l’esprit de défense entrée en vigueur sous la cinquième République, est une notion vieille d’un quart de siècle, mais l’idée prend racine dans la Révolution française. L’esprit de défense est multiple, comme je vous les spécifié au début de mon propos. La conception de l’esprit de défense est aussi le lien entre les citoyens et l’armée. Un de ces liens est définit par l’historien Gérard Noirel, qui nous dit que :
« tous les membres d’un même Etat sont obligés de contribuer à la solidarité nationale en payant des impôts et en accomplissant leur service militaire ; le cas échéant, ils devront accepter de faire la guerre et de risquer leur vie pour défendre leur « communauté » »
Alors, c’est pourquoi doit-on être éclairé sur l’esprit de défense.
L'esprit de défense obligeait la formation globale du citoyen, dans sa famille, à l'école, à l'université. Il était donc indispensable que le plus grand nombre puissent recevoir une large information sur la défense, conduire à son propos une réflexion personnelle et diffuser l'esprit de défense à travers le pays tout entier.
La défense, il est intéressant de s’arrêter quelques minutes, sur ce thème. Qu’est-ce que la défense ?
L'ordonnance du 7 janvier 1959 portant organisation générale de la défense donne une définition légale à cette évolution :
« la défense a pour objet d'assurer en tout temps, en toutes circonstances et contre toute forme d'agression, la sécurité et l'intégrité du territoire ainsi que la vie de la population... La défense est permanente, sans distinction entre temps de paix et temps de guerre... La défense est globale, elle doit s'exercer dans tous les domaines de l'activité du pays, à l'intérieur comme à l'extérieur, contre toutes les formes de menaces susceptibles de mettre en péril la survie de la Nation en tant quantité maîtresse de son destin... »
Dans une formulation générale assez classique et communément admise aujourd'hui, on peut dire que l'organisation générale de la défense est directement régie par quatre principes fondamentaux. Elle est nationale, étatique, globale et permanente.
Alors une défense nationale, c’est quoi ?
Autrefois royale, la défense est nationale, et ceci notamment depuis que les officiers furent appelés à prêter serment de fidélité à la Nation, à la Loi et au Roi. Le principe d'une Défense Nationale est définitivement institué par la loi du 23 Septembre 1798 déclarant que "tout français est soldat et se doit à la défense de sa patrie", après que la Constitution du 24 juin 1793 ait exprimé la volonté d'exercer tous les citoyens au maniement des armes.
Dans un régime démocratique, la défense étant l'un des attributs de la souveraineté, la force publique est qualifiée par le décret du 6 décembre 1790 comme "la réunion des forces de tous les citoyens". La défense réside donc bien conceptuellement dans la Nation, et la défense de l'État n'apparaît dès lors possible, qu'autant que celle-ci s'identifie à elle.
Alors une défense étatique, c’est quoi ?
Ce principe régalien a encore été renforcé par la Révolution Française et si l'on a pu constater précédemment que la défense appartenait au peuple, elle est pourtant bien restée de la responsabilité de l'État. Cette règle a érigé les forces armées en service public de l'État et influence directement l'organisation du commandement des forces militaires. Ainsi, par crainte du militaire, le pouvoir de commander les armées n'appartiendra-t-il jamais, du moins depuis la Constitution du 24 juin 1793, à un Généralissime. De même, la Constitution du 22 août 1795 énonce comme une impossibilité qu'un militaire puisse commander seul les armées. Le pouvoir public doit donc toujours rester maître de l'emploi des forces armées, celles-ci devant être obéissantes et ne devant en aucun cas délibérer.
Aujourd'hui cette règle ne figure plus dans aucun texte, si ce n'est dans un règlement de la Gendarmerie de 1906, mais elle reste encore néanmoins bien ancrée dans les mœurs.
Alors, qu’est-ce que la défense globale et permanente ?
Ainsi défini par l'article 1er de l'ordonnance du 7 janvier 1959, la défense se conçoit en termes de globalité, auquel toutes les ressources humaines et matérielles de la Nation doivent être associées. Globalité signifie que la défense doit être prise en ses trois formes solidaires qui sont : militaire, civile et économique. La défense est une notion globale qui dépasse le seul cadre militaire. L'avenir de notre pays dépend donc très largement de sa capacité à se développer et à innover. La défense concerne ainsi l'ensemble des citoyens et des Ministères et doit s'exercer dans tous les domaines de l'activité de l'État et contre toutes les formes d'agression.
Les notions de temps de paix et de temps de guerre, réelles jusqu'en 1939-1945, s'estompent de nos jours pour être remplacées par la notion de crise, terme beaucoup plus approprié. La guerre n'existe plus, devenue hors la loi, et les menaces se multiplient, voire deviennent parfois à peine perceptibles. Survenant en temps de paix, la crise peut s'entendre comme étant un moment périlleux et difficile dans l'évolution normale des événements et trois catégories de menaces et de risques peuvent en être associé : les menaces et risques d'ordre militaire, d'ordre civil et d'ordre économique. Il appartient donc à la défense de s'adapter.
Bien qu'apparue après la seconde guerre mondiale, ce principe de globalité puise sa source bien avant cette période, comme le rappelle fort justement une citation de Viollet-le-Duc dans son mémoire sur le siège de Paris en 1861 :
« la dernière guerre à démontré... qu'en dehors de ses armées, chargées... de sauvegarder l'intégrité de la Nation et son honneur, il y a des forces considérables qui, faute d'organisation, sont à peu près réduites à néant. Ce n'est donc pas la réorganisation qui est a tenter, mais l'organisation de tout ce dont dispose un pays comme la France, en vue d'une lutte... de toutes les forces productrices... »
Vue ainsi, l'organisation de la défense ne concerne plus uniquement les spécialistes des armes, mais aussi l'ensemble de la Nation, c'est-à-dire toutes ses administrations, toutes ses forces vives, tous ces organes de production, tous ces secteurs d'activité... Ce qu'exprime parfaitement l'ordonnance du 7 janvier 1959 à laquelle, en la matière, il faut se référer.
La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen élaborait au terme de longs débats à la fois philosophiques et techniques. Elle est promulguée le 26 août 1789, invoquant ainsi l’Être suprême, instituant l’égalité devant la loi, la nation comme fondement du pouvoir politique, la liberté d’expression et le respect de la propriété. Elle aura un énorme retentissement dans le monde entier. L’Angleterre, la Belgique, la Hollande, l’Allemagne en avaient suivi de près la discussion. Aussitôt terminée, elle est traduite dans les langues de ces pays. Elle pénètre plus lentement en Italie, en Espagne, l’inquisition s’oppose à sa diffusion, aux Etats-Unis, dont la Constitution votée en 1787 ne comportait pas de déclaration, le Congrès vote le 25 septembre 1789 les premiers amendements, en dix articles, qui constituent une véritable Déclaration des droits du peuple des Etats-Unis.
La démocratie modèle de notre nation est gravée dans le marbre de notre pays, par des engagements forts, pour lutter contre les opposants à ce modèle. Le calendrier républicain, par les dates commémoratives, est un vecteur de notre mémoire collective : le 11 novembre, le 8 mai, le 19 mars, etc.... Cela est aussi, un moyen de relier le citoyen au soldat. Car le lien entre soldat et citoyen est la représentation symbolique de ce qu’est l’engagement d’un citoyen pour son pays.
Ceci me permet d’aborder un thème de l’esprit de défense, qu’est la mémorialistaion. La mémoire et l’histoire de notre Nation sont au cœur de l’esprit de défense. La préservation de notre patrimoine matériel et immatériel passe par la défense de notre Nation.
Selon le sénateur Jean-Pierre Masseret :
«Le devoir de mémoire doit être respectueux de l’Histoire, mais il s’emploie uniquement à utiliser à travers des événements qui ont engagé la nation, des exemplarités qui permettent de fournir au présent les moyens d’esprit civique, de citoyenneté, de responsabilité et d’engagement au service des autres. Par exemple le fait qu’à un moment donné, on accepte que son destin individuel s’efface devant le destin collectif de la Nation. »
Comme ce fut le cas pour des jeunes de votre âge, qui sont morts pour la démocratie, la liberté en France, il y a de cela 70 ans, je pense à :
- le plus connu, Guy Moquet, résistant communiste fusillé en 1941 par les nazis, il avait 17 ans,
- Henri Fertet, résistant du Lycée de Besançon, fusillé avec 16 de ses camarades le 26 septembre 1943 à l’âge de 16 ans, avait refusé d’être attaché et d’avoir un bandeau sur les yeux ; peu avant l’issue fatale il avouait : c’est dur quand même de mourir..., mais je voudrais vous lire un passage de son dernier message, avant que ses bourreaux ne viennent le chercher :
« Je meurs pour ma Patrie. Je veux une France libre et des Français heureux. Non pas une France orgueilleuse, première nation du monde, mais une France travailleuse, laborieuse et honnête. Que les français soient heureux, voila. L’essentiel. Dans la vie, il faut savoir cueillir le bonheur. Pour moi, ne vous faites pas de soucis. Je garde mon courage et ma belle humeur jusqu 'au bout. »
- Ou encore, les martyrs du Lycée Buffon, à Paris : Jean Marie ARTHUS (15 ans), Jacques BAUDRY (18 ans), Pierre BENOIT (15 ans), Pierre GRELOT (17 ans) et Lucien LEGROS (16 ans).
Mais la liste ne s’arrête pas là, dans bon nombre de lycées, des jeunes plus ou moins de votre âge ont fait le sacrifice de leur vie, pour la sauvegarde de la nation française.
De nos jours, la professionnalisation des armées, qui a conduit à la suppression du service obligatoire, participe à la disparition du devoir de défense, en écartant un peu plus chaque jeune, que vous êtes de son devoir envers la Nation. Etre patriote, c’est quoi ?
Etre fier d’être Français n’est pas l’expression d’un nationalisme agressif, d’une arrogance culturelle ou d’un patriotisme dépassé. Etre fier d’être français c’est être conscient de tout ce que nous avons reçu en héritage, de tout ce qu’incarne la France dans le monde d’aujourd’hui, des responsabilités particulières qui sont les nAotres dans le monde moderne.
En effet, la Nation établit un lien émotionnel réciproque entre l’individu et le groupe : la nation, au besoin de sécurité et d’identité de l’individu, lequel accepte en retour l’autorité d’une instance supérieure, fondée en cas de conflit armé à exiger le sacrifice suprême.
Mourir pour son pays, pour la sauvegarde de ses valeurs, de ses libertés. Près de 700 soldats ont fait le sacrifice ultime et sont mort au service de la France :
- 88, en Afghanistan
- 127, au Liban
- 93, au Tchad
- 50, en Ex-Yougoslavie,
- 11, en Côte d’ivoire.
Le sacrifice de ces hommes, n’est pas pour rien ; ils sont morts pour notre sécurité, pour notre sauvegarde, je sais que certains d’entre vous seront présent lors de la cérémonie du 11 novembre prochain, alors, ce jour-là ayez en tête les noms de ces jeunes et ces chiffres que je viens de vous citer, car si vous êtes aujourd’hui dans cette salle, entrain de m’écouter, c’est un peu grâce à eux tous. La mort pour vous, s’arrête à celle de votre héros qui tue les ennemies dans votre jeu vidéo, dans votre film d’action préféré, car vous êtes d’une génération née dans un monde qui n’a pas connu de guerre totale.
Lors d’un entretien avec le Général Patrice Paulet, ex-Commandant de la 11éme Brigade Parachutiste et ex-Délégué Militaire Départemental de la Haute-Garonne, m’a décrit la perception de la mort dans notre société actuelle, qui jusqu'aux Trente glorieuses, on peut estimer qu’un jeune dès son plus jeune âge vivait avec la mort autour de lui, parce qu’il perdait ses frères et sœurs, à cause de la mortalité infantile, parce que la vie était dure, donc elle usait les gens, le système de santé n’était pas le même donc tous jeunes, on voyait autour de soi des gens qui mourraient par accident, de vieillesse mais plus tôt qu’aujourd’hui. Et puis, il y avait les guerres. C’étaient les guerres au modèle de la Guerre de 14 et de la Seconde Guerre mondiale, ce que Clausewitz appelé « la guerre totale » donc beaucoup de pertes.
Mais en fait, depuis le début les années 60, fin de la Seconde Guerre mondiale, la guerre est condamnable, par le système de l’ONU,...etc. d’où la condamnation des guerres de décolonisations et des puissances coloniales. Et donc, après, on a vécu dans la hantise de la troisième guerre mondiale, guerre nucléaire, mais sans jamais la voir.
De nos jours, les opérations extérieures faisaient un nombre de morts limités, mais simultanément, l’espérance de vie augmente, on se développe, il n’y a quasiment plus de mortalité infantile et donc on ne vit plus avec la mort autour de soi, donc la mort devient quelque chose d’anormal vis-à-vis de l’opinion publique, maintenir la paix et mourir pour ça c’est un peu contradictoire, donc on a fait la promotion, un petit peu inconsciemment du fait que mourir en opérations c’était quelque chose d’anormal et qu’on pouvait conduire des opérations à « zéro mort » et que la technologie allait tout régler.
Alors, oui l’esprit de défense n’est pas l’apanage des seuls militaires comme la défense n’est pas de la seule responsabilité des militaires. Il serait dangereux de croire que l’esprit de défense gagnerait les Français à l’heure où l’Histoire ferait irruption dans leur vie quotidienne. Mais la sensibilisation que je vous porte aujourd’hui, doit faire de vous des ambassadeurs éclairés à ce problème. Cela passe par la promotion et la défense de nos valeurs, celles de la République que nous servons pour laquelle des soldats aujourd’hui souffrent et meurent ! Ne l’oublions pas !
Comme vous l’avez entendu la formation à l’esprit de défense est essentielle pour être un citoyen éclairé, c’est pour cela que de nos jours, tous citoyens qui vont être en âge de voter, doivent effectuer la Journée Défense et Citoyenneté (JDC). Mais je tiens à attirer votre attention, sur ce dernier point, il serait dangereux de croire vous, jeunes générations, futurs citoyens de France, que votre devoir envers la nation et rempli dès lors, que vous avez entendu parler des métiers de la défense. Il est important que chacun d’entre vous, d’apprendre à se sentier membre d’une communauté basée sur les principes de la citoyenneté et de la laïcité, car l’esprit de défense passe par le rassemblement des énergies, le maintien de la cohésion, la préservation des valeurs qui donnent sens à notre communauté nationale et la résistance à la passivité et aux renoncements.
Rappelez-vous cette définition de la France, par le Général de Gaulle :
« La France vient du fond des âges. Elle vit. Les siècles l’appellent. Mais elle demeure elle-même au long du temps. La France de par la géographie du pays qui est le sien, de par le génie des races qui la composent, de par les voisinages qui l’entourent, elle revêt un caractère constant qui fait dépendre de leurs pères les Français de chaque époque et les engagent pour leurs descendants. »
Pour conclure, j’ajouterai que l’esprit de défense est pour vous qui est la nouvelle génération, à qui on va transmettre le flambeau, un devoir, celui d'assurer la survivance et le triomphe de la liberté. Rappelez-vous que, dans la longue histoire du monde, quelques générations seulement ont reçu la mission de défendre la liberté aux heures où elle était le plus en danger. Ces propos peuvent vous paraitre bizarre, de nos jours, mais ayez à l’esprit que les jeunes que vous avez vu en photos et qui sont tombés au champ d’honneur, et qui n’étaient pas plus vieux que vous, avaient à l’esprit que la Défense de la France est au-dessus des hommes. Notre Nation n’est pas la meilleure, mais elle est la vôtre, la nôtre, alors l’esprit de défense qui a été le fil conducteur de mon propos est là, c’est notre devoir à tous d’être les protecteur de la cité. Car nous sommes - par destinée plutôt que par choix - les gardiens des remparts de notre Nation.
Soyons fiers de notre histoire, soyons fier de nos valeurs, soyons fier d’être français. Et comme le dit si bien le fondateur de la Vème République, le Général de Gaulle :
« A toutes celles et à tous ceux qui veulent avant tout faire en sorte que la France soit la France. Je vous dis vive la République et vive la France. »
Esprit de Défense, du Citoyen au Héros - Sébastien-Philippe LAURENS Journaliste et Historien
Esprit de Défense, du Citoyen au Héros Article écrit et paru dans la revue contreMesures n°3 de Décembre 2019 Revue du Master Ingénierie, Sécurité, Sûreté et Défense ISSD de l'Universit...
http://sebastien-philippe-laurens.com/2020/02/esprit-de-defense-du-citoyen-au-heros.html